Shaynning
Libraire @ Librairie Monet
Intérêts littéraires : Biographies, Jeunesse, Littérature, Psychologie, Arts, Bande dessinée, Loisirs

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Le secret des sorciers

Par Heather Fawcett
(4,0)
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Incontournable Roman jeunesse Décembre 2023 Après avoir apprécié l'univers créatif et les personnages intrigants de l'autrice canadienne Heather Fawcett, dans "Le Chant des fantômes", me voici dans "Le secret des sorciers", dont le titre était franchement plus pertinent en anglais ( L'école entre Hiver et le monde des fées [ The school between Winter and Fairyland] ), car il n'y a pas qu'UN secret dans ce roman, il y en a plusieurs et le "entre Hiver" désigne un aspect important de l'histoire. La couverture de la version anglaise comme la version française semblaient promettre une sorte de tandem entre une version jeune de la Reine des neiges et d'une version alternative de Harry Potter, mais Dieux mercis, ce n'est pas ça! C'est beaucoup mieux que ça! Dans un monde Fantasy où les magiciens de L'Éryrée se scolarisent à Bonâtre, depuis quelques temps, la forêt qui la borde, Bois-Plaisant, ne porte plus bien son nom. Une sombre rumeur semble la parcourir, un mal intangible rend ses arbres et animaux plus agressifs et fragilise l'économie du pays. Pire, un jeune Gardien de monstre y a disparu, il y a de cela un an. Hiver Malog n'a cependant pas simplement disparu aux yeux de sa flamboyante jumelle, Automne, qui n'a pas perdu espoir de le retrouver. Cependant, rien ne semble cohérent dans cette histoire, entre les preuves retrouvées à divers endroits éloignés et l'inertie de la famille Malog à le retrouver. Jours après jours, entre ses tâches de gardienne de monstres, entourée de ses nombreux frères, Automne cultive l'espoir de retrouver son petit frère. Quand la célébrité des magiciens, Cai Morrigan, vient lui demander de l'aider à vaincre sa phobie des dragons, Automne en profite pour solliciter de l'aide dans son enquête. Seulement, Cai est pressé dans le temps, puisqu'une prophétie stipule qu'il vaincra le Dragon Creux, incarnation maléfique qui hante les bois, à l'hiver approchant. Quand à Hiver, coincé quelque part entre deux états, le temps joue également contre lui, car les limbes qui l'entoure s'en prennent à sa mémoire. Entre un boggart égocentrique, un magicien doué condamné à sauve le monde, une grand-mère coriace qui ne s'en fait pas passer une facilement et un univers divisé entre magiciens et domestiques, les investigations d'automne ne vont pas simplement s'axer sur la recherche d'Hiver, mais sur les fondations de l'identité de Cai et de son école, moins certaines qu'on le croit. J'avais craint d'être tombé sur une centième variation de Harry Potter, parce que je compte plus les écoles de magie et les Héro prophétiques. Cependant, on bifurque lentement vers autre chose, un "autre chose" qui implique une boutade de prophétie, des sorciers qu'on a laissé se déscolariser par snobisme magique et une "Héroïne" qui n'en est pas une, a priori. Il y a de la bousculade de conventions et ça , j'adore! Et pas que dans le scénario, dans les archétypes de personnages, ainsi que leurs interactions aussi. Dans les personnages, nous avons bien sur notre anti-héroïne. Caractérielle, décidée, un peu bourrue et pas franchement commode, Automne a le tempérament d'acier de sa grand-mère et n'accepte pas facilement qu'on la musèle ou pire, qu'on la contraigne. Elle est néanmoins craintive face aux Élites dont font parti les magiciens, qu'elle et sa famille servent en tant que "gardiens de monstres". Automne refuse d'abandonner son petit frère jumeau à son sort et rien ne la fera changer d'avis. Peu à peu, on découvrira aussi que son courage n'est pas sa seule force. Elle est loyale, solidaire et ne craint pas de bousculer ce qui lui semble incohérent. En outre, et là je salue bien bas l'autrice d'avoir fait d'Automne une fille lucide sur cette question: Automne sait reconnaitre les comportements d'amitié de ceux qui n'en sont pas. J'y reviendrai. Automne, notre "anti-héroïne" ne fait pas les choses comme elle le "devrait". Elle prend de drôles de risques, elle ne sollicite pas l'aide qu'elle devrait, mais en même temps, on sent chez elle une farouche envie de changer les choses autours d'elle, surtout par rapport à Cai. Elle refuse le statu quo également. Enfin, Automne détonne même physiquement. Sans cesse "crotté", travail en nature oblige, elle a des cheveux blancs, une voix qui porte et n'est pas douée pour les contacts sociaux, toujours un peu bourrue ou indélicate, surtout avec sa fratrie. Même si elle continue de nourrir un complexe d'infériorité, Automne fini par prendre carrément les choses en mains devant le final peu reluisant qui se profile devant Cai. Une sacrée tête de pioche! Mais en même temps, on peut la comprendre: Les héros dont on a besoin parfois ne sont pas ceux.celles attendus, mais ceux qui oseront ou penseront à ce que tout le monde ignore ou font mine d'ignorer. À partir d'ici, il y aura des divulgâches. L'autre personnage central est bien sur Cai, le célèbre magicien devant vaincre le Dragon Creux et qui est connu de tout le monde dans son école. Tient, un peu comme un certain autre jeune étudiant que je ne nommerai pas. Heureusement, plus on apprend à le connaitre, moins il tient la comparaison. D'une politesse presque outrancière ( un peu comme le cliché du canadien typique, en somme!) et ayant la réputation d'aider tout le monde, Cai a de lourdes responsabilités sur les épaules et semble oublier ses propres besoins. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un personnage masculin avoir ce degré d'abnégation et de maturité, surtout à 12 ans. Ce qui est d'autant plus vrai quand on apprend que Cai n'est pas humain, alors qu'Automne réalise avec stupeur qu'il est capable de résister à son Langage, cette communication qu'elle n'est capable d'avoir qu'avec les monstres. On a donc un monstre qui a un coeur humain ( tient, ça me rappelle "This savage song, de V.Schwab). Cai a en autre une belle humilité et étant d'origine modeste bien qu'élevé dans le confort en raison de son statut d'Élu, ne se place jamais au dessus des autres. Il a d'ailleurs la capacité de reconnaitre la valeur des autres et devient un ami véritablement empathique et sain pour Automne, qui en a bien besoin. Franchement, Cai va rester dans mes plus beaux personnages masculins pour toutes ces raisons. Toute la flopée de bad boys couillons qui sont légion en littérature actuellement devraient s'en inspirer. Enfin, je note que Cai pose le vieux combat entre biologie et valeurs: Ce que nous sommes nous définie-t-on ou a-t-on un pouvoir de décision en raison de nos valeur et de nos choix? Clairement, même si sa nature est monstrueuse, Cai a un coeur très humain et ses choix comme des comportements tournent en ce sens. Si il devient évident qu'Automne et Cai deviennent un binôme d'amis superbement complémentaire et sain, teinté de frateromance , il y a un autre personnage avec qui la "sanité" de la relation amicale est questionnable. le personnage appelé "le boggart", créature aux grands pouvoirs d'âge millénaire ou presque, sans corps et donc multiforme, est un membre de la famille Malog depuis des générations. Il s'attache toujours à l'un des Malog en particulier et c'est Automne qui a eu sa préférence cette fois. le boggart est un être monstrueux dans le sens strict, mais qui a tendance à se montrer monstrueux au sens figuré. Égocentrique, roublard et souvent imposant, il répète à plusieurs occasions qu'un jour, il épousera Automne, comme un fait. La jeune fille élude le tout, comme s'il divaguait. Néanmoins, elle doit sans cesse le ramener à l'ordre, car le boggart fait plusieurs petites crises de jalousie ( et on se rappelle que la jalousie n'est PAS un ingrédient de l'amour ou de l'amitié, ce n'est pas bon signe si cette émotion est présente). Là où j'avais des craintes, parce que ça arrive beaucoup trop souvent dans les fictions, c'est au passage du bal. À un certain moment, Automne tombe sur le boggart, dans sa forme humaine d'adolescent ténébreux aux vêtements presque royaux, le vrai stéréotype du prince obscure possessif, en somme. Il s'impose non seulement pour une danse, mais révèle qu'il a permis au Dragon Creux de venir prendre Cai, parce que ça l'arrange de briser leur amitié et Cai partir au loin. ET là, la réaction d'Automne: La furie. Loin de s'être fait berné par son physique et clairement pas stupide, Automne est furieuse contre le boggart, arguant que son comportement n'est PAS de l'amitié, et ce même quand il prétend le contraire ( belle tentative de manipulation, boggart!). Je suis tellement soulagée qu'une autrice ait su traiter de ce genre "d'amitié" toxique comme ce qu'elle est, c'est-à-dire toxique. le boggart n'est pas strictement méchant, mais il ne sait pas ce qu'est être "ami". Être ami, ce n'est pas de lui faire faire ce qu'on veut, ce n'est pas lui dire ce qui est bien pour lui à sa place ou choisir ses amis à sa place. L'amitié est comme l'amour: la confiance, le respect, la complicité, l'altruisme, la solidarité, l'écoute et le plaisir partagé. Automne et Cai partagent ensemble, travaillent ensemble, ils ont à coeur le bien être l'un de l'autre, prennent des risques l'un pour l'autre ( notamment sur leur statut social). Surtout, ils sont "bien" l'un avec l'autre, alors que le boggart tend à tout ramener à lui, tend à manipuler et surtout, demande des paiements, on est donc dans un certain niveau de transaction relationnelle. Fwacett semble maitriser très bien les bases d'amitié et je ne peux que m'en réjouir, vu que je vois beaucoup plus souvent le contraire, des autrices qui glorifient des relations malsaines, d'amitié ou amoureuses. La magie de cet univers est fascinant. Il y a d'une part la magie des magiciens, les enchantements et les bâtons magiques, qui sont souvent traités comme du papier. On peut la coudre, la plier, la cacher sous plusieurs autres couches, elle donne l'impression d'être malléable. Elle prend aussi al forme de liquides de soleil, d'étoiles ou les autres sources de magie. Elle fait scintiller tout sur son passage et sert aussi bien le pratique que le parfaitement inutile. La magie des magiciens est celle de Bonâtre, mais il n'en fut pas toujours ainsi. Autrefois, dans les tours-nuages, on formait un autre groupe, les Sorciers de haie. Potions, langage et remèdes étaient leur lot, plus en phase avec la Nature que les magiciens. Les sorciers et sorcières de haie étaient considérés comme inférieurs et furent privés de scolarité, devenant des parias. La seule trace qu'on leur reconnait est leur capacité à parler et ordonner aux monstres via le Langage. Langage que possèdent tous les Malog. Et oui, Automne et ses frères sont sorciers de haie, ça fait parti des éléments importants du récit. Elle n'a donc pas à rougir de vouloir apprendre la magie, elle en a une part au fond d'elle. Cette vision du clivage magique est intéressante, comme si le savoir de la nature, moins clinquant et grandiose, était snobé par les magiciens. En outre, la Nature elle-même est présente dans L Histoire. La forêt est décrite comme une entité, pas seulement comme un lieu. Ses habitants semblent respirer à la même source et la présence d'une aura toxique, celle du Dragon Creux, leur nuit à tous et corrompt leur état. Ce qui m'amène à parler de l'antagoniste principal, le Dragon Creux. On ne le verra qu'à la toute fin, mais ce dragon est en réalité mort. Il est habité par un monstre rare, qui se nourrit d'âmes. Cette entité est en colère et cherche quelqu'un: Cai. La prophétie est donc très mal construite ( d'ailleurs, Automne fini par ne plus y croire) car la réalité est beaucoup plus nuancée. Cai n'est pas phobique des dragons pour rien, il est en réalité traumatisé. Les visions qu'il croyait du futur sont en réalité du passé. le Dragon creux est habité par la même espèce que lui. Ils sont frères et depuis près de 13 ans, le grand frère cherche son petit frère, qu'il ne peut atteindre, car celui-ci vit dans l'école de magie qui lui est défendue. Cai est un monstre qu'on a soudé dans le corps d'un petit garçon, né au moment où il a été capturé par le directeur de l'école. Ainsi, le directeur gardait un oeil sur un monstre jusqu'alors inconnu, pour l'étudier, sans le moindre remord pour le petite garçon privé de son corps qui servait maintenant une entité monstrueuse qui ignore tout de sa propre nature. Il n'y a donc pas de "Gros méchant" dans cette histoire, autre qu'un directeur qui a prit une très mauvaise décision, un grand frère en colère qui cherche son frère et des magiciens hautains qui ont privé de leurs savoirs des générations d'enfants sorciers de haie. Et un boggart qui a encore beaucoup à apprendre du coeur humain. J'aime toujours les histoires en nuances comme celle-ci. Finalement, Cai finira par retrouver son grand frère, puisque sa nouvelle "faim" pour les âmes le rend dangereux ( à ses propres yeux surtout). Automne, après de nombreuses péripéties avec Cai, aura retrouver son précieux jumeau, prisonnier d'un état secondaire, alors que son âme a été séparée de son corps par le Dragon Creux. Dans l'impossibilité de concilier les deux, la GRand Mère d'Automne et le Directeur ont tenus secret les corps retrouvés des victimes du Dragon Creux, du moins pour trouver le moyen de les sauver. Heureusement pour Hiver, Automne ne l'a jamais abandonné et grâce à Cai et ses pouvoirs de monstre, il aura été "raccommodé". Automne trouvera le moyen de faire promettre à Cai de venir la voir de temps en temps, entre ses nouveaux cours à Bonâtre en tant que sorcière de haie et le temps passé avec sa famille. C'est un bel univers comme je les aime, avec des subtilités relationnelles, une magie détaillée et un scénario rondement mené, sans qu'on puisse tout deviner facilement. J'ai adoré la qualité des relations entre les personnages, pas toujours les plus adroites ( les Malog étant tous assez bourrus, sauf Jack et Hiver), mais quand vient le temps des choses importantes, ils savent se tenir. Les monstres de cet univers sont aussi créatifs et nuancés, dangereux pour la plupart, comme le sont d'ailleurs bien des animaux sauvages. le tout est de savoir comment les traiter et de leur montrer du respect. Comme le faisait remarquer une Lectrice, ici, on adresse les monstres pour ce qu'ils sont: Mangeurs de chaire, dévoreurs de coeur, bref, mortels. Respect donc, pour ces créatures dont on fait parti de la chaine alimentaire. Cela confère au roman une dimension sombre, mais en même temps, plus crédible. le duo d'Automne et Hiver était vraiment touchant. Pour le peu de temps qu'on leur consacre à la fin, on devine sans peine leur grande chimie. Un bel amour fraternel. Mention spéciale aussi à la Grand-Mère Malog, une vraie de varie "dure-à-cuire". Nous avoir pléthore de beaux thèmes comme la famille, l'équilibre naturel, les classes sociales inéquitables, le courage, le travail d'équipe et même , l'absurdité des prophéties. Après tout, elles ne deviennent vrais que si on y porte attention. Automne s'est fait une joie de la mettre en échec. C'est donc une nouvelle pépite issu du Canada anglais qui va rejoindre les rang de la Haute Fantasy Intermédiaire. Pour un lectorat Intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+
Shaynning a apprécié, commenté et noté ce livre

Quand tu seras prêt

Par Gary Lonesborough
(4,0)
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Incontournable Décembre 2023 Après avoir lu "Darius le Grand ne va pas bien", alors que ma collègue tombe en amour avec "L'amour de A à z", on se dit que la ligne éditoriale de la maison Akata est très intéressante quand il s'agit des romans ado. Leur collection Young Novel ( Franchement, on aurait pu l'avoir en français ce nom, surtout d'un éditeur français) proposent des tranches-de-vie amoureuses ou frateroromantiques saines et réellement diversifiées, souvent avec des personnages issus des diversités ethniques. La diversité, je rappelle, ce n'est pas de changer la couleur de peau du personnage uniquement, mais de proposer de nouvelles manières de vivre une romance ou une fratero/soromance. "Quand tu seras prêt" nous mène en Australie, où le sort des communautés aborigènes n'est pas sans rappeler le triste sort des autochtones d'Amérique du Nord et du Sud. Si le processus de réconciliation entre nations est engagé au Canada, en Australie, il semble que le racisme et la discrimination restent très fortes. On y voit même l'emploi des couleurs: Des "Blancs" et des "noirs" et le terme "Abo" semble aussi réducteur et déshumanisant que le terme "N***e" aux États-Unis. Bref, nous avons un contexte social où nos protagonistes appartiennent à une minorité ethnique de première nation, les kooris, et cela teinte leur réalité. Il faut que je précise un truc concernant le terme "koori", qui va revenir souvent dans le roman. Il ne s'agit pas d'une nation, mais d'un terme pour désigner l'ensemble des aborigènes. Jackson est un jeune homme de seize ans, issu de la "Mish, une communauté aborigène, alors que les vacances de Noël coïncident aussi avec les vacances d'été ( Puisque les saisons sont inversés des nôtres pour les pays sous l'équateur). Jackson vit quelques soucis, entre sa scolarité boiteuse dont il semble ne pas tenir à terminer, sa petite amie avec laquelle les rapport sexuels n'aboutissent jamais et le racisme ordinaire qui semble être le lot quotidien de bien des jeunes aborigènes. Néanmoins, c'est Noël, il devra donc vivre avec ses huit petits cousins pour le moins bruyants qui partagent la maison le temps des vacances, avec ce que ça implique d'être le plus vieux des jeunes. Cela dit, sa tante Pam est également venue avec un adolescent en liberté conditionnelle, Tomas, qui va partager la chambre de Jackson. Si Jackson ne prête pas spécialement d'attention à Tomas au début, les choses vont évoluer en faisant des sorties entre cousins et surtout, quand ils vont se découvrir un intérêt commun: La bande dessinée ( ou roman graphique, c'est selon). Surtout, Jackson découvre que la nature de ce qu'il ressent pour Tomas va bien plus loin que ce qu'il a pu ( ne pas) ressentir pour Tesha, sa copine. Et en fouillant dans ses souvenirs, Jackson doit se rendre à l'évidence, il y a bien une chose chez lui qu'il s'est juré de garder bien caché et qui cherche maintenant à éclore. Déjà, j'ai beaucoup aimé le traitement de la romance, parce que ces temps-ci je ne suis vraiment pas impressionnée par celles-ci, sans cesse toxifiées et exagérément sensationnalistes. Ici, on reste dans quelque chose de plus terre-à-terre, sans pour autant être fade. Il faut dire qu'on a pas besoin de surenchérir sur une situation déjà problématique, en ce sens où les deux jeunes hommes semblent être dans une société pas spécialement tolérante envers la communauté LGBT. Cela dit, et c'est particulièrement visible chez notre narrateur, il y a beaucoup de perceptions par rapport à l'homosexualité qui ne sont pas forcément vrais. Jackson a peur du rejet, des moqueries et de devenir une cible, mais ça reste hypothétique. Attention, à partir d'ici, il peut y avoir des divulgâches. D'ailleurs, lorsque son meilleur ami, Kalyn, est mit au courant, sa réaction est exemplaire. Loin d'être rebuté ou jugeant, il est au contraire même étonné de ne pas d'être fait mettre dans la confidence plus tôt. En outre, il sera le premier à défendre Jackson et pas contre un personnage quelconque, mais contre un autre ami, ce qui détonne beaucoup de courage. Il n'est pas simple de se confronter à ses amis. Kalyn est un personnage que j'affectionne pour son attitude envers Jackson, mais aussi de manière générale pour son amitié saine. Jackson, lui et leurs autres amis ne sont certes pas des anges, mais au-delà des fêtes trop arrosées et des trucs pas très légaux, ce sont de bons gars. Kalyn a en outre assez de sens critique pour percevoir le potentiel de Jackson et le pousser à poursuivre ses études avec lui, pour décrocher leur diplôme de niveau secondaire. Enfin, Jackson a même la délicatesse de demander à Jackson si cela le dérangerait qu'il courtise son ex, Tesha. Non pas que Jackson ait des droits sur Tesha, ce n'est pas la question, mais pour Kalyn, visiblement, il faut valider avec son ami si tout est "réglé" entre eux avant d'initier quelque chose. Ça détonne du tact et de l'empathie pour son ami. Ah oui! Et vers la fin, Kalyn a spontanément dit et je cite: "Jackson, je t'aime, mon pote." Un jour, je l'espère, tous les gars pourront se le dire, sans gêne se faire traiter de gay, sans la honte de se faire rire d'eux, sans toute cette saloperie de masculinité toxique à la con pour dévaluer l'importance de ces mots. En attendant, je me réjouis que des personnages comme Kalyn le fasse et brise ce stupide tabou de se dire "je t'aime" entre meilleurs amis. Tomas m'a légèrement inquiétée au début, car je flairais un millionième cas de "Bad Boy" dans un roman romantique, mais en fait, on est dans un profil différent. Tomas a un passé troublé, comme la plupart des Bad boy, mais contrairement à ces imbéciles arrogants, il n'est ni imbécile, ni arrogant. Tomas est plutôt le genre de personnage qui a franchit une limite et qui en paie le prix Ah oui! Et vers la fin, Kaaintenant, à son grand regret, puisqu'il est en liberté conditionnelle. S'il a des facteurs de risque dans son environnement qui peuvent en partie expliquer ses erreurs, Tomas ne s'en sert pas comme excuses et ÇA, c'est aussi quelque chose que ces abrutis de Bad boy couillons qui gangrènent les relations amoureuses actuellement font systématiquement. Se trouver des excuses et ne rien changer dans leur exécrable façon d'être. Bref. Tomas est un jeune homme au tempérament doux, un esprit créatif qui se cherche encore sur bien des aspect, mais qui semble solide et sain quand à ce qu'il conçoit comme de l'amour. Il a un excellent radar à consentement, se montre plutôt patient, surtout face à l'ambivalence perturbante de Jackson, et possède une grande tendresse dans ses gestes et dans ses mots. Il n'est donc pas seulement "mignon", il est aussi un très beau modèle d'homme amoureux. Quand à Jackson, au bout de tergiversations répétées, il fini par accepter qu'il est gay et vers la fin, admet même qu'une part de lui le sait depuis longtemps. S'il se répétait sans cesse qu'il était hétéro, c'était pour se convaincre. Ce mensonge était de plus en plus dur à vivre, alors qu'il en venait à penser qu'il avait des dysfonctionnement érectiles, puisqu'il n'a jamais pu bander lors de ses rapports sexuels avec sa copine. Il est plus facile de mentir à la psyché qu'au corps, manifestement. Jackson a aussi le profil de l'ado qui se cherche. Il a un talent en dessin qui vient se coupler merveilleusement bien avec le talent pour les histoires de Tomas. Je le répète souvent, mais avoir des intérêts et des projets communs sont des bases dans les relations amoureuses, et elles sont étonnamment souvent absentes des histoires d'amour. S'ajoutent à cela les diverses activités qu'ils ont pratiqués ensemble, le rapprochement culturel et leur capacité à communiquer sainement. Ils ont de belles bases pour leur relation, qui est complète et remplie de tendresse. L'attirance physique et sexuelle sont également présentes, mais contrairement à trop de romans "d'amour", elles ne sont pas les seules bases. Aussi, j'ai beaucoup aimé son retours auprès de Tesha, pour rectifier don "je ne t'aime pas" lancé un peu pas mal maladroitement, pour lui dire qu'il l'aime en tant qu'amie et qu'elle que contrairement à ce que ses mots laissaient entendre, il ne se fout pas d'elle. Belle communication, une fois encore! Il y a aussi plusieurs personnages secondaires appréciables, notamment Levi et son humour, la maman de Jackson et son sens maternel solide, ainsi que Tesha, qui n'est pas devenue une teigne du fait d'avoir été rejetée, comme j'en croise beaucoup trop. Un des thèmes du roman est la communauté, ici plus spécifiquement une communauté aborigène. J'ai trouvé très intéressant les diverses petites infos sur cette communauté, qui me rappelle beaucoup celles de mon pays. Surtout, le passage sur le "Cercle des hommes" était remarquable. Sorte de réunion des générations, on y fait diverses activités artistiques, les plus vieux faisant des marques de peinture sur le visage des plus jeunes, d'autres oeuvrant sur des objets alors que d'autres s'adonnent à l'artisanat. Surtout, j'ai trouvé touchant la présence et l'écoute de l'oncle Charlie, voix de la sagesse, qui a permit à Tomas se faire une séance de purification dans le respect de leurs traditions, alors qu'il a offert son support et son écoute à Jackson concernant sa différence. Il importe pour les communautés de se tisser des liens, et c,est particulièrement important dans une communauté ayant de gros enjeux et ayant subit de terribles préjudices. Il fait aussi le dire: Ce genre de portrait change la perception de la majorité, en ce sens où dans un monde "blanc", il importe de montrer la vie des minorités de l'intérieur pour mieux les comprendre et favoriser le contact. Au Québec, c'est à cela qu'on s'attarde en ce moment, faire parler les premières nations, s'intéresser à leur culture et leurs arts, changer ces visions étriqués qui nous ont été imposées et qui ont servi une pensée raciste, intolérante et fanatique tiré du colonialisme et de croyances religieuses. Ce n'est que comme ça que le Vivre ensemble sera plus harmonieux, pour tout le monde. Quand à la plume, sans la qualifier de poétique, elle est efficace et accessible. Il y a peu de descriptions sur les personnages et les lieux, mais il y a assez de descriptions sur le ressenti des personnages, ainsi que d'introspection de la part du narrateur. Je note également que la romance est relativement rapide, on parle de 2 ou 3 semaines de vacances, mais bon, ce n'est pas totalement improbable non plus. Notez également que s'il y a des moments croustillants, Tomas et Jackson n'auront jamais eu l'opportunité de leur "première fois" en bonne et due forme. Ils se sont cependant exploré et embrasser plusieurs fois, ce qui marque tout-de-même une chose importante: Apprendre à connaitre le corps de l'autre! Malheureusement, dans plusieurs romans, j'ai constaté qu'on passait de premier baiser à relation sexuelle complète sans le moindre intermédiaire ou phase exploratoire, ce qui est franchement agaçant et révélateur, encore une fois, du manque de diversité dans les représentations de la sexualité. Et du désintérêt des autrices pour la sensualité et la tendresse, j'ajouterais. Enfin, je note que c'est finalement Tomas qui ne s'estime pas prêt pour leur "première fois sexuelle", illustrant pour une fois que même les gars peuvent ne pas se sentir confortable ou psychologiquement prêt face à la sexualité. En somme, un très bon roman, pertinent, touchant, avec d'excellentes représentations romantiques et amicales, où la communication est bien présente et l'homosexualité n'est pas devenu un facteur de rejet social, au contraire. J'ajoute que j'ai peu de roman se déroulant en Australie, mais se déroulant dans une communauté aborigène, encore moins! "Quand tu seras prêt" rejoint mes favoris pour la qualité des relations interpersonnelles et ceux promouvant la diversité ethnique internationale. Pour un lectorat à partir du second cycle secondaire, 15 ans+
Shaynning a commenté et noté ce livre

Le grand voyage

Par Erik L'Homme
(2,0)
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Je remercie les éditions Gallimard pour l'envoi de ce service de presse. Malheureusement, l'année 2023 s'achève et j'ai beaucoup de petits trésors à finir avant d'attaquer 2024, alors je vais laisser là ma lecture du "Grand voyage", qui me laisse indifférente. C'est l'Histoire d'un jeune homme, Victor, orphelin de mère et sans père, vivant avec son grand-père aimant en bretagne. C'est ce cadre qui m'avait donné envie de connaitre le livre, car la Bretagne me semble être une endroit particulier ( dans le bon sens) de la France. Cependant, Victor vit de l'intimidation à l'école, se fait deux nouveaux amis, un garçon exubérant et une demoiselle avide d'amitié, mais, comment dire...ça sonne artificiel. Certains passages me semblaient un peu étranges, comme ce moment où "ils se levèrent, entamèrent une danse endiablée avant de se laisser retomber en riant". C'est bizarre, cette façon de faire des actions un peu intenses sans réelle contexte. On a bien sur le gros méchant de service en la personne de l'intimidateur beau gosse et ses sbires décérébrés, qui n'ajoute aucune valeur à l'histoire et bientôt, Victor envisage d'entrer dans le monde de l'Ankou, incarnation issu du folklore breton qui va chercher les morts pour les amener dans le monde des morts. Il espère y trouver sa mère. Encore là, on est dans la quête assez typique, où tout arrive assez facilement, notamment avec cette "carte du monde des morts" dessiné par un homme qui a été en mort clinique quelques minutes et la Samain ( Fête gaélique qui ressemble à Halloween) arrive commodément bientôt. J'en était rendue au moment où les trois ados décident de passer par un animal pour trouver l'Ankou. Les évènements s'enchainent avec un rythme lent et facile, et il y a peu de descriptions des lieux. Surtout, on ne sent pas la fibre "sombre" propre aux romans qui traitent d'Halloween, de passeurs et du monde des morts. C'est, en un mot, assez fade. J'espérais au moins en apprendre sur la culture bretonne, mais ça reste relativement survolé, je trouve. Bref, je n'embarque pas, ce n'est pas que le livre soit mauvais, c'est simplement que je ne le trouve pas original, les personnages relativement campés dans les archétypes connus et que la plume me semble sans relief, très plane. Peut-être trouverais-je des Lecteurs qui aiment les histoires de Mort, en librairie jeunesse, mais je n'aurai pas besoin de connaitre le roman au complet pour leur en parler, je pense. La couverture est jolie, par ailleurs. Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans.
Shaynning a apprécié, commenté, noté et aimé un commentaire à propos de ce livre

Ma première fois

(4,5)
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Incontournable Septembre 2023 On avait adoré le premier recueil de la maison La Bagnole sur les "premières fois" sexuelles, maintenant voici celui sur les premières menstruations! Petite mise en contexte qui peut avoir sa pertinence: Au Québec, on a connu historiquement une période d'obscurantisme sur la question de la sexualité, et donc aussi sur la question de la puberté. Une époque où on ne parlait tout simplement PAS de menstruations, de contraceptions ou de sexualité. Être menstruée, c'était sale, c'était tabou. Imaginez un peu la terreur des jeunes filles qui devaient gérer des pertes sanguines sans avoir la moindre idée de ce qui leur arrivait, pour finalement apprendre que c'est le lot de près de la moitié des humains sur Terre? Imaginez une époque où on apprenait aux filles à craindre leur corps, en leur attribuant notamment la pression d'être chaste, exempte de masturbation ou pire, d'être la raison du péché de luxure des hommes? Ça ne fait pas si longtemps, au Québec qu'on en parle, de la sexualité et des menstruations. Les récits du présents recueil ont été élaborées par des femmes entre 35-45 ans, environ, donc leur adolescence se situe dans les années 1980-1990. Et même durant ces années, il y a eu des ratés, de fausses croyances, des idées reçues et un certain manque de détails importants sur la question des menstruations. Donc, ici, l'idée est d'en parler, de donner la tribune a des personnages autobiographiques ou librement inspirés du vécu des autrices sur ce sujet. Avez-vous remarquez à quel point on n'entend à peine parler des menstruations dans les fictions des romans? Pourtant, une très large proportion de romans sont axés sur des héroïnes pubères. Les romans sur les vampires prendraient une toute autre dimension, d'ailleurs! Mais c'est quand même déconcertant qu'un aspect aussi naturel et universel que des menstruations soient aussi peu représentés dans la culture. Qu'à cela ne tienne! Huit nouvelles, huit histoires différentes avec chacune leur humour, leur réalité et leurs enjeux. Certaines se heurtent à des complications matérielles ( souvent les tampons ou les serviettes) alors que pour d'autres, c'est toute la question de "devenir femme" qui rend anxieuse, une notion assez floue qui ne saurait se limiter qu'à la seule puberté. Il y a toute la dimension psychologique qui reste peu abordée cet enjeu précis. Avec les menstruations viennent aussi certains enjeux: la sexualisation du corps féminin, la contraception ( qui repose encore beaucoup sur les femmes) , les douleurs ( notamment le syndrome prémenstruel) et même le rapport à la norme ( notamment les filles hâtives et tardives sur leurs règles). À travers le recueil, vous trouverez deux éléments supplémentaires: D'abord, des petites phrases ou expressions entourant les menstruations, tels que "avoir ses ourses", "les anglais débarquent", "être indisposée", "avoir ses règles", etc. Certaines expressions peuvent dater quelque peu et sont peut-être très propres au Québec. Ensuite, on retrouvera de petites chroniques courtes sur des croyances, des faits historiques ou de vieilles fausses nouvelles sur les menstruations. Si elles font souvent rire, elles marquent aussi l'ampleur de la m.connaissance du sujet, à travers les âges, mais aussi à travers les cultures. Et sans trop m'étonner, il y avait et y a encore beaucoup de négativité autours des menstruations. Voici les infos exhaustives sur chacune de ces nouvelles: Avec Julie Champagne, [ Les parapluies] il est question de devenir "parapluie", un code secret qu'avait les filles pour désigner les menstruations. Dans cette nouvelle, la jeune fille est encore en 5e année primaire (10-11 ans) quand elle devient menstruée. Ça la choque, d'abord parce que son sang est brun ( et non rouge) et qu'elle ne comprend pas trop ce que ça implique, en fait. Quand sa mère la rejoint pour lui expliquer que "ton corps peut faire des bébés", "tu es devenue une femme" et autres joyeuses vérités, elle ne sent pas du tout prête à devoir gérer tout ça. Surtout que son corps ne lui semble pas devenue si " femme" que ça. Et puis, au fond, tant pis, si elle ne sent pas encore prête à "devenir ado", ça ne la regarde qu'elle! Avec Carolanne Faucher [ Sundae au fraises], une joueuse de soccer, Jen, en pleine routine de match se fait demandé un tampon par une joueuse qui se fait surprendre par ses menstruations. Jen est la dernière dans le vestiaire, mais n'ayant jamais eu ses règles malgré ses seize ans, elle n'a pas de protections. Sa mère lui a bien laissé une "trousse de secours", mais il s'agit d'une énorme serviette sanitaire très épaisse. S'en suit tout un branle-bas de combat pour trouver des tampons dans le casier d'une autre joueuse. Si Sab est rassurée d'avoir pu compter sur Jen, celle-ci se fait rassurer qu'en à son absence de menstruations: Ça finira bien par arriver un jour, d'ici là, autant en profiter! Avec Stephie Mazunia [ Au secours, je vais mourir!], nous sommes au Burundi, en Afrique. Une jeune fille découvre qu'elle saigne en allant aux toilettes ( elle a cru s'être fait un peu pipi dessus) et pense donc qu'elle doit aller à l'hopital. Heureusement, son père la rassure en arrivant à l'école pour venir la chercher en lui expliquant qu'il s'agit d'un signe de puberté chez les femmes. En voulant bien faire, il lui a acheté des protections, mais plutôt qu'une serviette sanitaire normale, il lui achète les protections très épaisses pour les femmes ayant accouché. Ça bien rire sa "tante", d'ailleurs. Après un rituel ( à la science questionnable), voilà que sa maman lui explique que si elle "touche un garçon" elle tombera enceinte que les menstruations sont un écho de la douleur d'un accouchement. Notre héroine met alors une croix sur l'un et l'autre. Bien sur, elle ne peut pas éviter tous les hommes et garçons indéfiniment! Heureusement, la maman corrige le tir en lui signifiant qu'il faut un rapport sexuel pour tomber enceinte. Enfin, avec l'anecdote de la piscine, il est question du tampon, qui "dévierge" les filles ( faux) et aussi de comment l'utiliser, ce qui se solde en multiples problèmes du fait de ne pas avoir comment l'utiliser correctement. La nouvelle se clôture sur la difficulté des filles burundaises de se procurer des commodités sanitaires et le manque d'explication autours des menstruations, ce qui peut résulter de craintes et de confusion autours de ce sujet. Avec Cathon [ Bonsoir, je saigne abondamment!] on a une BD! Yeah! C'est une sorte de pot-pourris de petites anecdotes sur la difficulté de mettre des tampons, du fait qu'elle a attendu longtemps pour avoir des conseils à ce sujet, ainsi que de sa fierté d'avoir été la première personne avertie par sa petite soeur qu,elle avait ses premières règles. On y voit aussi certains petits témoignages de ses proches amies, que la rédaction de cette présente BD lui avait fait réalisé n'avoir jamais demandé les détails de leurs premières règles. Une Bd rigolote pleine et pleine de conseils. Avec Camille Paré-Poirier [ Qu'est-ce que ça veut dire, être normale?], nous avons Judith, 13 ans, qui apprend souffrir d'une cyphose, une courbure lombaire ressortie qui engendre des douleurs au dos et qui requiert, du moins dans son cas, d'un corset orthopédique qui "encage" son torse des épaules à la taille. Judith ne le vit pas très bien, elle se sent différente et cherche a cacher ce corset. Les choses vont changer quand elle se fait demandé par Catherine L accès à la toilette des profs, un privilège qu'à Judith du fait de son corset qui requiert du temps à enfiler et une place pour le poser. Catherine a un rond de sang sur sa jupe, chose qui ne serait peut-être pas si grosse si son prof lui avait permit d'aller aux toilettes. Hélas, le prof a cru que cela concernait sa vessie, sans penser que ce pouvait être une urgence menstruelle. Judith se retrouve avec Catherine dans la toilette, à aider Catherine avec son incident. Les deux jeunes femmes en viennent a aborder leur différence: Judith, avec son corset et ses règles toujours pas arrivés, Catherine avec ses règles arrivés vraiment très tôt. À 7 ans. Dès lors, on ne l,a plus considérée comme une petite fille, ce qui vient avec son lot d'enjeux. Une belle histoire sur l'importance de s'aimer soi-même et aussi de se montrer solidaires entre filles. Avec Marie Demers [ Pétard Mouillé], nous suivons une presqu'ado qui a très hâte de devenir femme pour avoir les privilèges qui vont avec. Une hâte aussi motivée par la différence de traitement entre ses deux frères aînés et elle. Une hâte qui la pousse a mentir aux sujet de ses règles, de prétendre en avoir et même de se placer comme spécialiste sur la question. Mais quand elles arriveront véritablement, il y aura des déceptions. le traitement à son endroit n'est peut-être pas tant du à son âge qu'à son genre, finalement. Un des aspect intéressant est justement dans la hâtivité déçue: Devenir "femme" ce n'est pas juste d'avoir ses règles, c'est bien d'autres choses, qui ne viennent pas en paquet comme un gros feu d'artifice. C'est un processus, bien plus qu'une transformation spontanée. Avec Lily Pinsonneault [ le Secret], il est question d'une ado en randonnée avec sa famille, qui vit une journée difficile, dont la source est difficile à déterminer. Avec elle, on voit le mal être qu'on certaines ados avec l'arrivé de leurs menstruations, ce "flou" dans la tête, cette humeur maussade et cette envie de rester bien tranquille. Pour Lily, ce fut une journée où elle se sentait incomprise et seule, aà jongler avec ses premières règles dans l'anonymat, dans le secret. C'est sa tante qui sera finalement l'adulte présente pour elle et légitimer son ressenti. Enfin, avec Geneviève Morin, il est question d'une adolescente au sein d'une sororité de trois filles, et dont elle est la cadette. Elle a une maman au tempérament explosif, et qui peut semblé rude quelques fois. Seulement, notre ado doit absolument en parler: ses règles la font souffrir, malgré tous les remèdes de confort qu'elle puisse essayer. Quand elle en fait part à sa mère, celle-ci a tout de même le bon sens de la faire consulter une médecin. C'est elle qui va prescrire la pilule contraceptive, qui, contrairement à la croyance populaire, n'est pas seulement utilisée pour la contraception, mais aussi dans certains cas où les douleurs sont importantes et le cycle instable, car la pilule agit en régularisant le cycle menstruel. Et il y a dans cette nouvelles quelques remises à l'heure sur les croyances de la maman. J'aurais définitivement aimé lire ce recueil quand j'étais ado, non pas que ma propre histoire de premières menstruations soit notable ( de fut même bien banal, et c,est tant mieux!) , mais de voir la diversité menstruelle , ainsi que certains enjeux liés aux menstruations chez d'autres filles, je trouve cela important. Comme certains personnages ( réelles ou fictives) l'ont signalé dans ce recueil, les règles, c'est aussi une affaire de solidarité féminine. On est toutes dans le même bateau, on trouve ça toutes contraignant, dans une certaine mesure, alors avoir la sensibilité de s'informer et de prendre acte des réalités d'autrui, je juge cela élémentaire, surtout que les menstruations restent encore un enjeu social aujourd'hui même. Il y a encore des tabous, des malaises et un manque à combler sur l'accès aux commodités sanitaires, selon les milieux et selon les régions. J'ai beaucoup aimé la diversité des histories, certaines très crues, d'autres très touchantes. C'est ce que j'apprécie des recueils de nouvelles sur un thème commun, on peut apprécier l'éventail de perceptives et de points de vue des autrices sur le sujet bien plus facilement. Leur ton varie, leurs enjeux divergent et se ressemblent tout à la fois, avec nuances. Il fait cependant que je précise que ces ados là sont d'une génération différente de la présente, mais à n'en pas douter , certaines réalités sont encore présentes. Puisque nous avons un recueil sur les premières menstruations pour les filles, ce serait bien d'en avoir un équivalent pour nos ados gars, sur leur puberté. Les pages de garde sont recouvertes de petites culottes de toute sorte avec des tâches rouges. Ça peut sembler anodin, mais quand on pense que même les pub de serviettes sanitaires n'utilisent pas le rouge, je me dis que ces pages de garde sont plus audacieuse qu'on le pense! Pour un lectorat adolescent du premier cycle secondaire, 12-15 ans+ **Je pense que les 10-12 ans ne devraient pas avoir de soucis avec cette lecture, surtout les filles du 3 cycle primaire sont de plus en plus concernées par le sujet elles-aussi. Ce pourrait constituer une belle entrée en la matière et le recueil est accessible sur l'écriture autant que sur le sujet. Attention: Ce livre peut contenir du sang.( Tel qu'indiqué sur la couverture)
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La tirade du nez

Par Edmond Rostand et Bruno Gibert
(4,0)
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Incontournable Album Théâtre Janvier 2024 C'est bien le premier album pour la section Théâtre jeunesse que je croise, et je flaire avec nostalgie un de mes passages préférés, la très comique et désormais connue "tirade du nez" de la pièce "Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand. Avec ses délectables jeux de mots, ses figures de styles et son humour auto-dérisoire franc et assumé, ce passage est autant une ode au nez qu'un pied-de-nez à l'ignorance et au manque d'imagination. Non, mais si vous deviez insulter, de grâce faite-le avec panache, pour qu'au moins nous puissions en rire! Mais bon, idéalement, dans l'absolu, je vous invite quand même à préférer les compliments, c'est meilleur pour l'estime de soi. Bon, trêves de futilités! L'album, qu'en est-il? Nous partons du moment où le vicomte de Valvert, avec son manque de verve et de créativité, lance à Cyrano une insulte d'une fadeur qui a de quoi faire froncer le nez, celui de notre amateur de Lettres le premier. Piqué non par l'intention ( qui est certes déplaisante) mais par la mollesse des propos, Cyrano se lance alors dans une énumération de divers façons de mettre en évidence le trait particulier de son organe olfactif si difficile à ignorer. Voici: " Ah! Non! c'est un peu court, jeune homme! On pouvait dire...Oh! Dieu!...bien des choses en somme...En variant le ton,-par exemple, tenez:" "Agressif: Moi, monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse! " Oh, joie, du subjonctif imparfait, c’est savoureux! Le très classique: "Descriptif: C'est un roc!...c'est un pic...c'est un cap! Que dis-je, c'est un cap?...C'est une péninsule!" Le très mignon ( et tout aussi parfaitement subjonctif) : "Gracieux: Aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leur petites pattes?" Celui-dont-j'ai-du-chercher-le-mot-dans-le-dictionnaire: "Truculent ( Def: Haut en couleur, cocasse ): "Ça, monsieur, lorsque vous pétunez ( ohoho) , la vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée" Vous avez remarqué les trois "nez" dans cette réplique? Bon, je ne peux pas tous les mettre, même si c'est tentant. Ils sont tous fort amusants, parce qu'exagérés, imagés ou encore fort bien associés. Pas étonnant que ce passage de la pièce soit aussi populaire encore de nos jours. Et en parallèle, c'est une belle expression de la richesse de la langue française et des joies d'avoir autant de synonymes. La langue française est très imagée, en voici un bel exemple. Et à cela s'ajoute l'importance du "ton", qui change complètement l'approche de celui qui parle et la réception de celui qui reçoit ( en pleins dans le nez). Les émotions et les intentions prennent ici une part importante de l'effet comique. Certaine sont gentiment moqueuses, d'autres cinglantes, certaines attendrissantes et d'autres plus neutres en étant pratiques ou observatrices. Côté illustrations, je n'ai pas assez de vocabulaire artistique pour définir en un mot ce genre de graphisme. Je dirais que ça ressemble à du collage de photos en assemblage avec de la géométrie et de grandes formes de couleurs homogènes. Il n'y a que cinq couleurs: Bleu ciel, rouge carmin, noir, blanc et ocre. Un peu abstrait et symbolique, on utilise les assemblages pour créer des scènes qui ont des éléments de rappel des textes et bien sur, le "nez", souvent représenté rouge avec un œil et son sourcil, rappel qu'il est la vedette, quand il ne change pas de forme pour devenir un bâtiment. Ah et il a une moustache! Comme Cyrano. Le nez est donc souvent son incarnation, restreint à un simple nez, mais après tout, quel nez! Autant qu'il prenne toute la place. Et je remarque le côté "granuleux" des zones de couleurs, ce qui lui donne l'air un peu vieillot et lui confère plus de texture. Si ce n'est pas dans ma palette de gout ce style graphique, je reconnais qu'il sert bien son sujet. Donc, une belle trouvaille en ce début d'année, juste après avoir trouvé la version "album jeunesse" d'Antigone, quelle coïncidence. Compte tenu de la richesse des textes et de la réflexion que chaque "tons" implique, je pense que cet album sera pertinent surtout à un lectorat primaire plus vieux, les 10-12 ans au moins, mais les ados aussi constituent un beau lectorat pour ce prêter au défi de la plume de Rostand. Et les profs de théâtre seront sans doute heureux d'avoir ENFIN un album jeunesse consacré à une œuvre de théâtre. Nez-itez pas à ouvrir cet album et malme-nez quelque peu vos neurones, car vous n'avez plus à plonger le nez dans "Cyrano de Bergerac" en version intégrale pour apprécier la plume raffi-nez de Rostand et son humour autodérisoire toujours efficace. Nez-ce pas? Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire et adolescent, 12 ans+.
Shaynning a apprécié, commenté et noté ce livre

Le voyage de Shuna

Par hayao Miyazaki
(4,33)
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Incontournable BD Décembre 2023 Il aura fallut attendre plus de quarante ans pour que cet hybride entre la BD et l'album nous parvienne dans la langue de Molière. Hayao Miyazaki, qu'on ne présente plus, nous offre un livre inspiré d'un conte tibétain, comme il est d'ailleurs expliqué à la fin du livre, nommé "Le prince qui fut changé en chien", où le texte est formaté comme celui d'un album illustré et où les illustrations alterne entre la BD et l'album. Je vous invite, si vous plongez dans ce livre, à lire les quelques pages qui relatent l'histoire dudit livre, ainsi que les nombreux parallèles que l'ont peu faire avec les autres personnages de l'auteur. Je n'ai pas le temps de tout réécrire ici, hélas. "Le voyage de Shuna" nous entraine dans un monde Fantasy, qui pourrait être "passé" ou "futur" à notre monde. Dans un décor davantage asiatique et montagnard que les autres œuvres de Miyazaki, nous rencontrons Shuna, un jeune prince d'une nation isolée entre les hautes montagnes. Avec son climat aride, ses terres peu fertiles et le peu de naissances aussi bien humaines qu'animale, la vie y est précaire et la faim omniprésente. Cela n'empêche pas les habitants d'être travaillant et reconnaissants pour le peu qu'ils ont. C'est dans ce contexte que Shuna fait la rencontre d'un viel homme agonisant sur une route. Malgré leurs soins, les habitants ne peuvent le sauver et se contentent d'attendre son trépas. Néanmoins, le vieil homme confie à Shuna une information qui bousculera la vie du jeune prince: Quelque part dans le monde, une céréale dorée pousse avec aisance et donne d'abondantes récoltes. Il n,en faut pas moins pour que Shuna se dise que cela aiderait le quotidien des habitants de son futur royaume et décide de mener une quête pour trouver cette mystérieuse céréale dorée. Armé de son vieux fusil et de son fidèle compagnon, un yakkuru, sorte de monture aux bois élégants ressemblant à un cerf, Shuna s'engage pour un long périple, mais il ne se doute pas que le monde qu'il va traverser est impitoyable et que le mystère derrière les céréales dorées n'a rien d'utopique. Au contraire. C'est un univers sombre, même si les couleurs sont chaleureuses et les traits des personnages doux. Il me rappelle divers univers déjà croisé, notamment le monde impitoyable lui aussi de Thorgal, avec l’esclavagisme, et les paysages me rappelle "Le grand arbre au centre du monde", de Makiko Futaki. Le côté "post-apocalypse" de cet univers me rappelle aussi "On nous appelait les mouches"et les films "Madmax", surtout ce étrange navire de guerre en pleins désert peuplé de cannibales. Je pensais que j'allais me perdre dans de beaux paysages - Et c'est le cas - mais les implications et thèmes de cette BD hybride sont sinistres et perturbants. Et ce n'est pas la traditionnelle quête du Héro sauvant son peuple, qui plus est. En fait, Shuna quitte un pays pauvre, certes, mais qui n'est pas en proie à un réel problème. D'autre part, je n'avais pas l'impression que Shuna devenait "un héro", mais plutôt un adulte. Son regard sur le monde va définitivement changer, il connaitra la violence, s'indignera de certaines pratiques, devra confronter certaines de ses valeurs et sera même un certain temps devenu mentalement et psychologiquement indisponible, comme s'il était arrivé au bout ses limites de ce que son esprit peu encaisser. Un état de choc, peut-être? Bref, même Shuna ne cadre pas dans le rôle type du héro, mais il reste un personnage courageux, intègre, moral et juste. À partir d'ici, il y aura des divulgâches. Y a pas à dire, Miyazaki est quelqu'un de créatif et lucide: Il a réussi à faire une allégorie de L'agroalimentaire paralysé par les OGM en même temps qu'une critique de la surconsommation des pays riches. Non seulement a-t-il traiter du trafic humain, avec toute la laideur que cela implique, mais il a imaginé un monde où l'entité vorace qui a le contrôle sur les semences d'orge ou de blé ( les grains dorés) est aussi le système qui permet l'esclavagisme. Pire, il contrôle une consommation d'humains effrénés, qui s'occupent des champs, puis une fois "usés" sont envoyé mourir dans la forêt, servant de nourriture au reste de L'écosystème. Les graines sont ensuite vendues au humains contre d'autres humains et le cycle continue. Déjà, le fait de ne donner que des semences mortes aux humains me rappelle les dérives de Monsanto, cette organisation qui vend des semences stériles qui ne germent qu'une fois, pour mieux obliger les agriculteurs à dépendre de leurs semences ensuite. Les créatures vertes qui semblent avoir été humaines, avant de passer dans cette immense créature organique, travaillent sans relâche et ne gagnent que la mort. Une façon, je pense, de traiter avec quel mépris pour les gens certaines organisations enchainent les employés à un travail misérable, en plus d'être aisément remplaçables. C'est un constat renforcé par le fait que les champs de blé sont soumis à un "temps" accéléré, où le blé germe à toute vitesse et la mort arrive bien vite pour les créatures vertes. Enfin, cette espèce de lune filante doté de visage qui passe au-dessus du monde, semble incarner l'esprit de cette sordide machination commerciale, intouchable, indestructible et toute-puissante. Je me dis que c’est bien là des qualificatifs que doivent employer les gens quand ils pensent aux compagnies et aux pays riches qui gèrent la quasi totalité des ressources du monde. D'ailleurs, vous remarquerez: L'endroit où poussent les graines dorées est à l'Ouest. Comme l'Europe ( d'un point de vue asiatique). Par ailleurs, Shuna ne tient pas seule la tribune dans cette histoire. La jeune femme nommée Thea, que Shuna a délivrée de sa condition d'esclave, ainsi que sa petite sœur, prendra le relais. Séparé après une cavalcade effrénée pour fuir les chasseurs d'humains, Shuna part pour la terre des "êtres divins" ( l'endroit qui produit les céréales) et Théa fuit vers le Nord avec sa petite sœur et le yakkuru de Shuna. Durant une année, elle trime dans un village pour gagner son pain et le logis, jusqu'à ce Shuna revienne, hagard, muet et apathique. Elle en prendra soin en usant de ruse pour cacher sa présence aux autres habitants et parviendra même à faire germer les céréales que Shuna portait dans une bourse à son coup. La lente évolution des céréales se fera en parallèle de la guérison de Shuna, un joli clin d’œil à la guérison mentale. En effet, les blessures mentales, les traumas comme les états de stress post-traumatiques, prennent du temps pour guérir, beaucoup de soins donné à la personne et une bonne dose d'espoir. Pour moi, Shuna a subit un réel trauma au regard de ce qu'il a vu dans cet endroit aussi beau qu'impitoyable, et je suis contente que ce soit le cas. Si les Héros se retrouvent souvent dans les pires conditions sans être amochés psychologiquement et mentalement, les humains, eux, sont tous vulnérables et ont des limites. Ce n'est pas une tare et ce n'est pas une faiblesse. Bref, je trouve touchant de voir Théa prendre soin de Shuna et sa petite sœur par le fait même. C'est un personnage féminin fort, qui a le cœur à la bonne place et une réelle force de résilience. Et sans elle, l'Histoire de Shuna ne serait pas allée plus loin. Côté texte, c'est un peu atypique. Les dialogues sont inscrits comme des descriptions, sans marqueurs. Il faut donc un peu deviner quand un personnage parle. Il n'y a pas de bulles de textes. Les textes sont relativement concis. Je pense que je pourrais extrapoler encore longtemps sur bien des aspects du livre, mais l'espace et le temps me manquent en ce début d'année. Je vais donc conclure en disant que ce genre de livre est en quelque sorte intemporel, que ses thèmes sont incontournables, où nous voyons lutter des personnages réellement "humains" et le tout dans un décor magnifique, adoucit par un trait de plomb maitrisé et des couleurs en aquarelles judicieuses. Un voyage formateur, dont on se sort pas indemne. C'est dommage d'avoir attendu tout ce temps pour avoir pu le lire, mais bon, comme on dit, "vaut mieux tard que jamais". Pour un lectorat adolescent, 15 ans+
Shaynning a noté ce livre

Toute seule

Par Scott Stuart
(4,0)
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The Ice Guy and the Cool Girl 01

Par Miyuki Tonogaya
(3,0)
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J'ai lu ce manga quelque part en février-mars, sur mon heure de dîner à la librairie. J'avais été intriguée par le contraste de personnalité des deux personnages, avec une demoiselle, Fuyutsuki, au tempérament calme et posé, avec un homme, Himuro, plutôt nerveux et très sensible. Je n'imaginais pas que ledit jeune homme aux cheveux blancs, en version masculine de la Reine des neiges, serait effectivement le descendant de la reine des neiges. Je reconnais là la tendance des romances asiatiques à exagérer un peu trop, mais bon, c'est leur droit. ^^ Personnellement, je pense que le concept était déjà très bon sans ajouter une couche de fantasy urbaine sur le tout, mais je ne le trouve pas forcément moins bon, juste un légèrement exagéré. Dans ces bons points, je dirais que le côté "quotidien tranquille" est reposant. Nous avons juste une petite romance légère et saine qui se profile doucement, entre une fille qui peut sembler froide aux premiers abords, mais avec un fond très chaleureux, alors que son binôme est facilement gêné, attendrit dans des proportions un peu intenses et doté d'un tempérament très doux. Sans parler de son talent à tout faire geler autours de lui ( littéralement), Himuro a donc un coeur qui fond assez facilement. le manga a donc un côté "floconneux" avant même de parler de pouvoir de neige et de glace. Et comme je le mentionne souvent, je me réjouis toujours de voir des auteurs et autrices nous pondre des histoires d'amour saines, loin des psychodrames toxiques peuplés de Bad boys et des Fantasy bourré de créatures superficielles qui sont un peu trop nombreux en ce moment, dans les littératures jeunesse et adulte. Ici, je vois de la confiance, du respect, du plaisir réciproque en présence de l'autre, des projets communs, une communication gênée, mais saine, et une réelle complicité. Une "vraie" romance, en somme. Dans ses points faibles, je sais que l'absence de gros méchant ou d'enjeu social rebutera ceux et celles qui préfère un filon conducteur. Ç'aurait pu être un enjeu hors de la relation, aussi, pas besoin de toujours faire souffrir les amoureux. Comme il s'agit d'une tranche-de-vie, des enjeux du quotidien auraient pu servir de fil conducteur sans problèmes, mais il est vrai que le côté anecdotique donne l'impression de suivre ne pas avoir de finalité. Néanmoins, certain.e pourraient aimer cette dimension. Aussi, il est vrai que la répétition de "Il est le descandant de la Reine des neiges" est agaçante, mais je pense que les webtoon et autres mangas du Net sont souvent structurées comme des anecdotes indépendantes les uns des autres. Disons que j'ai souvent vu ce genre de répétition et cela tenait au fait que le manga d'origine n'était pas en structure continue. C'est donc un manga bien mignon et paisible, où la chaleur tendre côtoie le doux froid, avec des illustrations fort jolies et de gentilles interactions amoureuses qui ont le bon goût de rester simples ( pas "simplistes!). Puisqu'il est classé en Josei, les mangas destiné au public féminin adulte et son environnement de bureau très typiquement jeune adulte, je le classe donc en JAD ( Jeune adulte), 17 ans+, mais il reste qu'il convient aux ados de 12 à 17 ans qui s'y intéresseront.
Shaynning a apprécié, commenté et noté ce livre

Barth le maudit

Par anne Lenner et Gaspard Sumeire
(4,0)
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Mention Olibrius Roman Intermédiaire 2023 Je ne cesse définitivement pas d'être agréablement surprise par les œuvres de la maison Rouergue, dont j'ai adopté plusieurs membres de la collection pour ados Epik, mais force est de constater que les romans Intermédiaires ne sont pas en reste. Ainsi, après "Nez rouge et dent cassée", "Diego aime Julie" et " Mon chien, la liberté et les glaces à la mangue", me voici sur le cas de "Bath le Maudit", récit rocambolesque, pied de nez à la religion, parodique sur les bords et joyeusement atypique, c'est un "Olibrius" comme je les affectionne, d'où ma mention personnelle. Histoire de donne le ton: Observez la couverture et vous noterez que les sculptures de part et d'autres de Barth, vous y verrez à droite la tribut sainte de la Chrétienté, alors que la gauche regroupe des entités monstrueuses comme des gargouilles, des âmes, des lianes piquantes et même la Faucheuse ( qui a l'air de se foutre de la tronche de Bath, à en juger par son doigt moqueur pointé sur lui et son sourire malicieux). Nous sommes 1466, en Italie de la Renaissance, en pleine épidémie de peste, alors que Barth, petit nobliaux naïf, va se retrouver entre deux mondes: Celui de la Religion et celui des êtres fantastiques. Bartholomeo est fils de la comtesse de Petrosferi, vivant au Monastère de San Marco de Florence, et du haut de ses 13 ans, a une faculté des plus étonnantes: Dans son sommeil, il lui arrive de léviter. Pour le doyen, Anselmo, il s'agit là d'une curiosité fort énigmatique, qui nécessite de se poser une question épineuse: Bath est-il la proie d'une possession démoniaque ou investit du Saint-Esprit? Optant temporairement pour la seconde option, le doyen y voit là l'opportunité de faire un coup de pub au Monastère, mais il est loin de se douter que les choses iront bien autrement. En effet, Florence va être le théâtre d'une épidémie de peste, ce qui va se solder sur la décapitation de Barth, dépossédé de son halo saint. Heureusement pour lui, le bourreau étant malade, son coup scalpe le dessus de sa tête, mais rate son cou. Miraculé de la hache, Barth regagne alors le foyer familial et donc, retrouve sa maman, une femme plus singulière encore que la lévitation fortuite de son fils. Ce qu'elle lui révèle en rajoute une couche: Barth est fils d'un Changelin, un fétaud ou garçon-fée, en somme, et un certain nécromant à l'obscur nom d'Élymas Mürmür, qui serait à l'origine de la peste ( Histoire d'en faire baver au fils de son défunt rival. Ah, ces hommes, quels coqs!), a une dent contre lui. Afin de contrer le fléau viral, Barth devra apporter une relique ,contenue dans un coffret, à un "redresseur de sort", pour que le nécromant soit vaincu. Après une petite mise en scène singeant sa propre mort, la comtesse lance donc son fils dans une quête. Hélas, à peine quelque temps plus tard, en se penchant au-dessus d'une balustrade pour interpeller un détrousseur de cadavre, Barth voit le coffret fuir sa poche pour chuter directement dans les mains du voleur en question. Barth, convaincu d'être malchanceux, devra jouer d'astuce et de ruse pour mener à bien sa mission ( qui est compromise avant même d'avoir commencer) et l'aide d'un certain futur génie des sciences et des arts très sur de lui et d'une acrobate de cirque orpheline de troupe qui n'a ni l'aiguille ni la langue dans sa poche ne seront pas de trop. Il ne se passait pas trois phrases que j'avais envie de la mettre en citation sur cette page, tant les jeux de mots, les références, les tournures de phrases comiques et les allusions étaient nombreuses. Il y a un savoureux humour sarcastique et parfois ironique, il fait donc avoir une certaine ouverte au second degré et une bonne culture générale rend la chose encore plus drôle. C'est audacieux, pour un roman jeunesse, de se prêter aussi directement à des thèmes comme la religion catholique, l'ésotérique et le Fantastique, tous imbriqués plus ou moins ensemble dans une réalité. Ce qui est "saint" et ce qui est "démoniaque" sont en fait "fantastique". Bartholomeo est passé par les deux états avant de se découvrir "garçon-fé". D'ailleurs, je me réjouis d'avoir ENFIN un garçon-fé! Mais pour rester sur le thème de la religion, nous voyons assez bien toute l'absurdité structurelle et matérielle derrière cette religion ultra-puissante: les reliques supposément sacrées ( ce sont des morceaux de cadavre, rappelons-nous), toutes les croyances autours de la maladie ( ici, la peste), le statut très relatif de la "sainteté", qui vient avec un paquet des cadeaux et de reconnaissances inutiles ( et sa très précaire reconnaissance, maintenant que j'y pense). Bref, j'adore le pied-de-nez à la religion catholique de ce livre, sans devenir mesquine. Disons que la religion possède des contradictions dont il est facile de se jouer. Un autre axe de la religion et de l'époque est amené par Leonardo, homosexuel doublé d'un génie, qui a été découvert dans une asile par Barth. L'intelligence et les sciences ont souvent été des craintes de l'église, quand elles ne servaient pas leur domination et leurs interprétations du monde. Pourtant, L'Italie a été un berceau des arts et des sciences, durant la Renaissance. Un curieux paradoxe, je trouve, mais il faut aussi mentionner que les arts et les sciences ont parfois servi le discours et la vision de l'Église. Bref! Léonardo est bel et bien le Léonardo le plus connu du monde Occidental, l'homme pluridisciplinaire originaire d'un petit village près de Vinci. Coquet, un peu prétentieux, ouvertement gay et aimant la couleur rose, on est vraiment loin du typique personnage masculin, mais je remarque quand même que c'est un stéréotype gay que d'en faire un coquet aimant le rose. Mais bon, si ce stéréotype me semble plus connu dans l'imaginaire collectif, dans la littérature jeunesse, je n'en croise tout simplement pas assez pour qu'il soit récurent. Et puis, il est GRAND TEMPS que la couleur rose retrouve ses lettres de noblesse auprès des garçons: Je vous rappelle aimablement que c'était une couleur d"HOMME antérieurement, la couleur chouchou de certains illustres Empereurs de Rome! Bref. Léo est un personnage historique, coquet de sa personne, le verbe adroit, plutôt fier de lui ( avec raison, je pense) et pourtant pas toujours le plus adroit dans certaines situations. J'aime que Léo soit un garçon bien dans sa peau, conscient de sa propre valeur et affichant sans gêne ses préférences. C'est un personnage qui avait, en outre, clairement besoin d'amis. Barth, pour sa part, est un petit garçon à sa maman qui doit gagner en confiance. Ça tombe à pique! La maman a justement ce qu'il faut à son fiston hybride: Une quête initiatique! D'ailleurs, quelle femme...heu...surprenante? Je ne suis pas sur qu'il existe un mot unique pour décrire cette personne. Disons que l'imagine jouer aux échecs contre le Diable, remettre à sa place Davie Jones ou faire s'excuser le pape. Encore une fois, j,aime bien ces personnages sortis des conventions. La comtesse semble connaitre son fils même si elle le taquine beaucoup et semble aussi très au fait de la réalité du monde. Aussi, bravo à elle, quand un homme voulait la courtiser à force de philtre d'amour, la jeune comtesse ne s'est pas laissée bernée et a envoyer un parterre de son jardin s'enticher de cet homme imposant à sa place. Héhé. La jeune Gigi, dont je cite son intro: "Moi c'est Gilda la Cascadeuse. Mais fi de chichis, appelle-moi Gigi". J'adore cette fille, qui n'est ni stupide, ni dépendante, ni décorative. Et une cascadeuse, scusez moi! Fille de troupe de théâtre, Gigi est la première à rencontrer Barth et se retrouve à nouveau sur sa route lorsque Léo manque de tuer tout le monde avec ses feux d'artifices un peu trop efficaces. Habile couturière, c'est aussi la plus sanguine des trois, n'hésitant pas à faire valloir son opinion ou son ressenti - ce qui peut être parfois indélicat, néanmoins. Cependant, Gigi est une fille qui agit avec cœur et courage. Attention, il y aura des divulgâches à partir d'ici. Il y a vraiment beaucoup de péripéties et objets créatives dans ce roman, peuplé de labyrinthe forestier aux flûtes enchanteresses porteuses de vague-à-l'âme, de village immaculé où se terre un être malfaisant fabricant de savons particulièrement macabres, un homme aux cheveux si longs qu'ils dépassent du cadre de sa porte de chambre, hanté par une aïeule, un village qui me rappelle la Cour des Miracles, une tapisserie qui tisse l'avenir, un voleur qui signe avec des "Z" ( Oho, la référence à Zoro!) et même une référence à la célébrissime Mona Lisa. Le roman est donc une joyeuse mine de références, avec certaines inspirations de contes et de folklores divers, tout-à-fait le genre de livre génial quand on a une culture populaire diversifiée. J'aime le travail autours du personnage de Z, celui qu'on découvre être le "redresseur de sort" en question. Les "Héros" sont généralement de gros mâles dodus des muscles, mais pas des neurones, mais Z est plus complexe qu'il n'y parait. Il me rappelle le cas de Métroman, dans le film Megamind, celui où une version de Superman se retire de la société face à la pression d'être toujours "un héro". Z est ce genre de personnage, doté de faculté extraordinaires, mais pesantes. La douceur d'une routine, la possibilité de loisirs ou de prendre des vacances ne sont pas réellement des options quand on sert la Justice avec un grand J, ce qui a poussé Z a confié la source de ses dons au père de Barth, afin de vivre une vie normale. Il a même fait un épuisement professionnel ( si, si, c'est écrit!). Encore une fois, on a rarement l'occasion de parler de la santé mentale, mais il est tout-à-fait cohérent avec l'archétype du Héro de ne pas pouvoir tenir la cadence indéfiniment, ni physiquement ni psychologiquement. Dans la vraie vie, on peut en faire des parallèle: Nos urgentologues, nos policiers, nos infirmiers, nos intervenants, tous ces groupes sous pression dont on attend des soins ou des interventions. Il est bon de rappeler que les gens ont une santé mentale dont il faut prendre soin. Aussi, il est important de rappeler que les héros et les héroïnes sont des personnes et ont donc les mêmes besoins d'avoir une vie, de s'auto-accomplir et de cultiver leur vie sociale. Donc, en un sens, le roman questionne une dimension du bonheur. Quand au Méchant...bah, on ne le voit que très rapidement, il n'est pas spécialement "présent". Barth passe plus de temps à s’inquiéter de sa présence, en fait. Un peu anxieux, notre Barth. Ce roman a vraiment tout pour être plaisant: pétillant d'humour, abondant en références, passionnant en aventures, peuplé de personnages colorés et atypiques, sous les bannières de thèmes pertinents et variés. Des illustrations viennent appuyer le texte de temps à autre, pour présenter visuellement les personnages et je mentionne la présence de nombreux référent du monde des Lettres et de Arts dans le récit. Un autre membre sympathique pour les Olibrius qui font ma joie et , je l'espère, celle de nombreux lectrices et lecteurs. Pour un lectorat intermédiaire à partir du 3e cycle primaire, 10-12 ans+
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Le prince et le chevalier

Par Daniel Haack et Stevie Lewis
(4,0)
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Ah, enfin un prince sauvé par un chevalier! Dans cet album, un prince est appelé à régner bientôt dans le royaume de ses parents. Aussi, ces derniers déclarent qu'il est temps pour leur fils de trouver la personne qui régnera à ses côtés. Le prince voyage de royaumes en royaumes avec ses parents, pour rencontrer des princesses, mais rapidement, le prince comprend que ce n,est pas ce qu'il recherche. Lorsqu'un dragon attaque son royaume, le prince sort épée et cheval et part à sa rencontre. Mais voilà qu'il n'est pas seul à avoir repérer le dragon. Un chevalier à l'armure blanche regarde le prince ficeler le dragon comme une saucisse, mais lorsque celui-ci fait une chute, le chevalier réceptionne le prince. Mutuellement sauvés, les deux jeunes hommes ont un coup de foudre. Le prince épouse son chevalier et ensembles, ils règneront heureux. C'est un album vraiment mignon. Et les dessins sont jolis, hauts en couleurs.
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Antigone

Par Yann Liotard et Marie-Claire Redon
(4,0)
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Incontournable Décembre 2023 La sympathique maison Ville qui brûle, maison engagée et engageante, nous offre un album qui revisite la célèbre Antigone de Sophocle, une des rares héroïnes de la Grèce antique, loin des mortelles soumises et des déesses jalouses, véritable incarnation de la liberté et de la droiture morale, dont le destin tragique nous rappelle, hélas, que certaines personnes meurent pour n'avoir jamais renoncé à leur vision du monde. Antigone, signifiant "Celle qui est contre ( anti) sa famille ( gone)"(P.52), dont elle et les frères et soeurs sont tous issu d'un couple incestueux sans le savoir, soit Œdipe et Jocaste, est une figure de la mythologie grecque. C'est une princesse de Thèbe, dont la vie tumultueuse est marquée par le malheur. Lorsque son père découvre avec stupéfaction qu'il a épousé sa mère et lui a même fait quatre enfants, Eodipe se crève les yeux et part en exil. Antigone décide de ne pas l'abandonner et le suit sur les routes durant deux ans d'une vie marquée par la pauvreté. Dans l'album, nous commençons cette histoire par son retours à Thèbe. Eodipe a laissé le soin à ses fils de se partager le trône durant ce temps, mais la soif de pouvoir de l'un et l'autre les engagèrent dans une lutte fratricide. Créon, oncle des enfants d'Eodipe, décide de prendre le parti d'Étéocle et condamne Polynice à ne pas être enterré. Sans sépulture, son âme est condamnée à errer. Indignée, Antigone se révolte contre la consigne de laisser le corps de son frère ainsi exposé. Cette action la condamne à mort par on oncle, aussi entêtée qu'elle. Mais Antigone reste droite et convaincue dans ses décisions, même si cela doit l'éloigner de son amoureux, le fils de Créon, Hémon. De chagrin, Hémon, en découvrant Antigone décédée dans la grotte dans laquelle on l'avait enterrée vivante, se suicide. Pour citer l'auteur: "Antigone sait pourquoi elle est morte. Créon, lui, ne sait pas pourquoi il vit", car il vit maintenant seul, tandis que les amoureux se retrouvent dans les enfers ensemble. On a opté pour un album illustré, avec des personnages royaux anthropomorphes félins et des habitants souries. Seule la couleur bleue est employé pour les illustrations, comme si elles étaient réalisées intégralement au stylo bille à encre bleue. La couleur de police, ainsi que les arrières plan de pages du "choeur" ( j'y reviendrai) sont quand à eux d'un rouge légèrement rosé presque fluorescent. Le contraste entre les deux est marqué. Je remarque un énorme travail sur les détails, que ce soit les rochers, les nombreuses branches tortueuses, le plumage des corbeaux et certains clair-obscures dans les tissus. Les illustrations sont fortes de leur message, dynamique, touchantes, symboliques. Les corps sont vraiment superbes et dans des positions pas toujours simples à exécuter. J'aime beaucoup que Hémon et les autres garçons revêt une "jupe", car c'était un vêtement que portaient les hommes à cette époque. Et du même coup, on défait cette idée qu'il s'agit d'un vêtement de filles. Il y a en outre un travail de moine autours des "âmes" en forme de chats, travaillées en technique au pointillé. Il y a , enfin, un grand sens de la mise ne scène dans les illustrations, ce qui fait écho au fait que Antigone, dans ses deux histoires, ont d'abord été des pièces de théâtre dramatiques de la Grèce Antique. Vous trouverez à la fin un "a propos" fort pertinent et intéressant autours des oeuvres d'Antigone, de son personnage, de ses valeurs défendues et de son auteur, Sophocle. Je met ici un passage que j'ai aimé et qui résume bien l’héroïne: " Antigone est un personnage universel et inépuisable. Le poids de la famille, le courage et la persévérance de cette héroïne face au destin et à la tyrannie, son intransigeance et son refus du compromis sont des thèmes qui nous touchent toutes et tous, à travers les époques. Et c'est ainsi qu'au fil des siècles, cette héroïne solitaire [ ...] a trouvé une famille qui n'a pas de frontières, une famille qui lui porte un amour plus chaleureux et plus simple que celui de ses origines mythologiques." J'ajoute à cela le fait que contrairement à moult figures féminines, dont certaines ont été portées à travers l'histoire dans des interprétations machistes, Antigone n'est pas une de ces "héroïnes" d'abord amoureuses, puis jalouses ou encore vengeresses. Ce n'est pas une femme docile qui subit le poids d'une société patriarcale injuste envers les femmes, au contraire. Pour une fois, nous avons une fille droite dans ses bottes, férocement convaincue d'avoir raison, intraitable devant l'injustice et ce , en dépit d'un environnement malsain ou les facteurs de compromission pleuvent. Elle incarne la femme militante, la féministe et bien dans sa peau, sans même avoir le statit de déesse. Franchement, pour l'époque, Sophocle nous dresse un superbe modèle féminin. Cette histoire a d'ailleurs été reprise dans nombre de pays et contextualités dans de nombreuses époques, depuis sa création et première apparition sur la scène, en l'an 441 avant l'ère commune. Les pages en fond rouge qui mettent en scène des souries en premier plan rapproché constitue "le chœur", il servent à interagir avec le public et soulignent des éléments clés de l'histoire, un peu comme un narrateur. Dans les nombreux thèmes entourant Antigone, celui de la famille est central. D'abord épaule de soutient pour son père en exil, elle devient par la suite la défenderesse de son frère laissé exposé aux corbeaux. Pour elle, il n'est pas question de prendre parti: Les deux frères sont aimés équitablement et méritent le même traitement funéraire. Il y a quelque chose de beau dans cette façon de se porter à la défense de sa fratrie pour réclamer un traitement paritaire. Il y a beaucoup d'altruisme dans sa façon de suivre son père, de porter une part de son fardeau par loyauté et par amour. Ce n'est peut-être pas idéal quand on l'applique à la réalité, je veux dire suivre dans une exil, mais je pense aux enfants qui deviennent proches-aidants, à ceux qui viennent en aide à leurs proches sans attendre rien en retours et je me dis que nous sommes dans une logique similaire. En outre, la situation d'Antigone est très inspirée du sort des femmes de part le monde, de leur voix qu'on ne cesse de vouloir faire taire, de la dictature de genre de certains pays, du patriarcat et de ses nombreuses dérives ( aussi dommageables pour les hommes, je réitère). Fille née dans un monde d'homme conçu par des hommes pour des hommes, elle parvient pourtant à faire emploi de sa force tranquille et de ses mots sans censure pour être fidèle à ses valeurs. En cela, quel modèle, encore une fois. Et j'ose croire que nos garçons, qui boudent encore trop les héroïnes parce qu'elles sont filles, trouveront en Antigone de quoi changer leur perception du genre féminin. Histoire raccourcie pour les besoins du lectorat, pleine de poésie et de force, superbement illustré et porteur de nombreuses valeurs modernes, cette version d'Antigone propose quelque chose de très pertinent et qui sollicitera, j'en suis sure, des réflexions intéressantes dans le lectorat jeunesse, surtout dans ce monde de plus en plus polarisé et radical qui limite les droits, les libertés et bien sur, les avancés des causes sociales. Nous aurons besoin que nos jeunes sachent articuler leur pensée critique, tout comme Antigone en a fait la démonstration. Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+ **Peut très bien convenir au niveau secondaire des ados ( 12-17 ans+)
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Sous les flocons

Par Nadine Descheneaux
(4,5)
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Incontournable Roman Novembre 2023 Avec ses cinq nouvelles chaleureuses, ouvrir ce livre, c'est un peu comme ouvrir une petite boîtes de pralines: C'est varié, sucré et ça fait du bien au moral. Entre amitiés et premiers amours, on est pas en reste d'enjeux sociaux tels que la précarité alimentaire et le premier Noël après une rupture conjugale parentale. Avec ses nuances de douceur, solidarité et créativité, c'est un petit monde d'école secondaire doux et chaleureux où des ados vivent leur dernière journée avant les vacances de Noël, le tout sous les flocons qui sont incontournables au pays de la fleur de lys et du sirop d'érable pour le temps des fêtes. Voici, en plus amples précisions les cinq "pralines" en question ( qui comporte quelques petits divulgâches): "Noël arc-en-ciel" Mia et Fanny, en apparence différentes, et pourtant amies complémentaires, se sont rencontrée d'une façon cocasse: En pleine collision! De ce mini Big Bag est né une amitié sincère et tendre. En ce dernier jour d'école, Fanny propose un kiosque où elle peut mettre à contribution sa grande passion: La manucure ( plus y a de couleurs, mieux c'est!). C'est justement sur Mia que se porte sa première attention car la jeune femme a l'esprit un peu embrouillé par un premier émois pour le sympathique Cédric. Fanny est convaincue qu'une palette de couleurs choisie avec soin donnera le courage qu'il faut à Mia pour se déclarer, tout comme elle estime que plus tard, elle pourra donner de la joie aux autres avec son talent. Sauf que Mia ignore que le frère jumeau de Fanny, le Cédric en question, s'est déjà préparé de son côté à se déclarer ( et il le fait de manière fort touchante). Je souhaite précise ma pensée sur les représentations ici. Je le mentionne souvent dans mes autres critiques, mais je trouve que les romances, majoritairement envers des personnages féminins, se sont dangereusement toxifiées ces dernières années, promouvant des relations malsaines, avec des gars exécrables avec leur "douce moitié" et glorifiant des éléments comme la jalousie, la domination, la souffrance et le statut socio-économique ( Richesse et pouvoir). Mais ici, on est pas du tout dans cette logique ( heureusement, vu qu'on est en lectorat intermédiaire!). Ici, on parle de premiers émois sains, basés sur quelque chose de doux, de sincère et de respectueux. Je sais que cela semble "ennuyeux" à côté des relations toxiques très pimentées, voir explosives, mais pour moi, l'amour ne devrait jamais servir la souffrance, la jalousie ou pire, l'iniquité. En outre, j'ai encore peu de relations amoureuses pour le lectorat intermédiaire, surtout le 3e cycle, qui y est néanmoins très intéressé. Je suis donc heureuse en tant que libraire et aussi en tant que lectrice que cette dimension du roman soit aussi saine. Je spécifie également qu'il s'agit de courts moments dans les cinq histoires, avec un focus sur la déclaration et le courage qu'il faut déployer pour se déclarer. Enfin, ça me fait sourire que dans les deux cas d'histoire romantiques, nous soyons avec des filles qui se déclarent, elles n'attendent pas que les choses arrivent, elles les initient. En écho à cela, je réitère que les relations amicales sont aussi, sinon plus, importantes que les relations amoureuses. Il y a de l'amour dans les amitié, comme il y a de la solidarité, de l'altruisme, de l'empathie, du respect, de la confiance et bien sur, des atomes crochus. Ici, les amitiés sont aussi douces et saines que les amours. Mieux, elles sont saines autant chez les filles que chez les gars ( il persiste un stéréotype voulant que les amitiés de filles soient plus conflictuelles, ce qui est faux). Encore mieux: Il y a des amitiés entre gars et filles. Ça vous semblera anodin, mais c'est encore un aspect qui résiste dans les mentalités de certaines personnes cette idée que les gars et les filles forment des couples, pas des amitiés. Dans le roman, j'ai vu pleins de belles choses, comme l'écoute, le support, la complicité, beaucoup de solidarité et un réel lien qui résiste et se renforce devant l'adversité. Les vrais ami.e.s sont aussi les vrais alliés face aux enjeux et aux moments difficiles. Je surf sur cette phrase pour vous présenter la prochaine histoire ( et ma préférée): "Paniers de Noël" Alexandro, Nina, Jospeh et Vivianne sont quatre amis de longue date. Ils se sont donné comme mission en ce dernier jour avant les fêtes, d'aller porter le panier de denrées pour les paniers de Noël ( dons pour les familles démunies) à l'épicerie du coin. La route se fait péniblement avec toute cette "slush"( Pour les européens, c'est une neige si mouillée qu'elle en est au stade de "barbotine" peu ragoutante à même le sol, un cauchemar pour les roues, une plaie pour les chaussures pas suffisamment étanches). Alors qu'ils pestent contre cette excursion peu réjouissante, certain.e.s se mettent également à parler de ces choses qu'on aime généralement moins durant le temps des fêtes: des familles pas reposantes, les "matantes" qui vous demande toujours si vous avez "un p'tit chum" quand vous êtes une fille, la séparation des tables entre enfants et adultes sans tenir compte des ados, etc. Mais Alex, qui semblait déjà d'humeur maussade, devient soudain exaspéré et empoignant le panier rempli de denrées, décide de le pousser seul. Malheureusement, le panier dérape et se renverse. Ce n'est toutefois pas le panier qui est le plus "endommagé". Alex, sous le regard attentif et l'oreille au aguets de ses trois ami.e.s leur livre alors une histoire personnelle: Il y a quelques années, il a vécu un Noël avec l'un de ces fameux paniers. Évidemment, dès que ça prend une tournure d'enjeu social, forcément, ça m'interpelle! Livré sous le signe de l'amitié, l'histoire d'Alex traite d'une dimension de la pauvreté qu'on oublie souvent de traiter car elle diverge de l'image stéréotypée qu'on s'en fait souvent: La pauvreté temporaire. En effet, il arrive que dans une conjoncture d'évènements précis, certaines familles aient besoin d'un appuis temporaire pour se relever. Et comme on peut imaginer, prendre acte de cette situation est confrontant et demander de l'aide est souvent un dernier recours qui peut constituer un traumatisme ( pas majeur, mais tout-de-même assez pour marquer). Pour avoir travailler avec des gens qui avaient besoin de paniers, même qu'un seul, je garde en mémoire les larmes d'humiliation, d'impuissance et/ou de résignation, teinte de gratitude néanmoins. Surtout, je garde en tête l’accueil qu'on leur fait, dans le respect, l'écoute et surtout, l'absence de jugement. Personne n'est à l’abri d'une mauvaise passe. Alex l'illustre bien. Petit gars de la classe moyenne, c'est avec le chômage inattendu de ses parents, couplé de leur désir de ne pas nuire aux activités sportives de leurs garçons, que les factures se sont accumulées trop vite et les coupures devenaient difficiles à réaliser. Ils ont fini par demander une épicerie de secours, un panier de Noël. J'aime qu'Alex nous livre aussi son ressenti face à tout ça et ait tiré de belles leçons de son expérience. Noël, c'est pas seulement tout le tintouin matériel, c’est surtout de passer un beau moment en famille avec les gens qui comptent pour nous - Trucs plates inclus! Les trois amis, une fois le témoignage livré, se donnent même une idée de système pour récolter des denrées à l'année, une denrée pour chaque commentaire "poche" ( entendre "une plainte"). Mais je retiens surtout que les amis ont été attentifs et compréhensifs pour leur ami, qui leur a confié une histoire qui leur a fait voir de la vulnérabilité chez lui. Confiance, respect et écoute, de bons ingrédients pour une relation amicale saine. "L'arbre à souhait" Inès et Liam sont camarades de classes et le moins qu'on puisse dire c'est que côté personnalité, ils font contraste. Elle, c'est un esprit créatif, rêveur, audacieux, qui remodèle le monde et s'en inspire, entre deux pelletées de nuages colorés joyeusement "foufous". Lui, c'est un esprit cartésien, pragmatique, un peu obtus, mais bien organisé, qui aime davantage l'ordre. L'un pour l'autre, ils ont du mal à se comprendre au début, mais lorsqu'un projet leur échoie, à savoir celui de gérer le kiosque de "L'Arbre à souhaits", ils devront collaborer. "L'arbre à souhait" est essentiellement un sapin auquel on dépose des souhaits sous forme de vœux et auquel on peut en retirer un pour soi. Liam propose d'en faire des flocons, ce qui dénote un côté créatif alors que lorsqu'il est évident que le kiosque est un succès, c'est Inès qui se montre alors anxieuse devant le manque de flocons prêts pour les étudiants. Comme quoi il fait faire attention à ses jugements! En outre, lorsque Inès devine que Liam va offrir des tasses à ses proches, ce qui traduit une certaine moquerie de sa part devant le peu de personnalisation de ce genre de cadeau, Liam s'inspire alors des vœux dans leur arbre à souhaits pour "approfondir" son projet en ajoutant des vœux sur ses tasses. Je retiens de cette histoire la complémentarité des personnalités, l'ouverture d'esprit et l'inspiration que nous procure les autres. "Bataille de bas de neige" Anna parvient tant bien que mal à convaincre Maève, sa meilleure amie, de rester avec elle dans la file d'attente pour la bataille de bas de neige prévue dans le gymnase. C'est que la personne qui a imaginé le décor de cette bataille de balles de neiges version intérieure est son compagnon d'autobus depuis neuf ans, Matéo, dont l'immense créativité n'a d'égal que sa verbomotricité. Durant cette bataille, Anna se retrouve dans le même groupe que Matéo et c'est pour elle une chance calculée de faire le premier pas vers "un peu plus que simples compagnons de bus". Mais une interruption inopinée vient les rattraper. Un autre binôme de premiers émois ( après le duo de Mia et Cédric), cette fois avec un duo de longue date. Avec une ado sportive, pas très bavarde et un artiste qui éprouve le besoin de parler ( surtout pour mieux consolider ses idées), on a donc ici aussi la notion de complicité. Pas la peine de vous faire des films à l'eau de rose, on est pas dans ce genre de cliché, mais il y a quelque chose de doux dans la complicité naturelle et la dynamique paisible de ce futur couple. D'ailleurs, on a même pas le cliché du premier baiser, ici c'est un crochet du petit doigt plutôt. Mignon et pas banal! À rentenir: Pas besoin de fanfares et pétales de roses pour se déclarer, un geste qui a son importance peu amplement suffire, surtout quand il y a déjà des bases solides dans un binôme. Bon, en fait, ça s'enlignait vers ça, mais la meilleure amie est arrivée et pour sa défense, elle ne pouvait pas savoir ( après tout, on est en pleine guerre de bas de laine catapultés dans tous les sens). "Noël Prise Deux" Alexia s'apprête à vivre son premier Noël avec une division familiale. Ses repaires ont sombré et les rituels auxquels elle accordait beaucoup d'importance ne seront plus que des souvenirs. Alexia tente de faire face, mais les émotions sont lourdes et le cœur n'y est pas. Ce dernier jour avant les vacances n'a rien de magique et même ce beau costume de Noël qu'elle a mit beaucoup de soin à faire ne vient lui apporter du réconfort. Sauf que la magie possède divers formes et celle qui va l'enrober avec des bras aimants, c'est celle de l'amitié. Sam, son meilleur ami, qui est déjà passé au travers d'une rupture parentale, a su mettre en forme la peine de son amie avec l'aide d'un ballon, qu'il lui faudra relâcher. Un petit rituel qui sera effectué avec leurs autres amis. Par après. ils proposent d’aller faire le sapin, ce rituel familial qu'elle aimait tant, et qu'ils décident de réinventer à leurs couleurs. Une soirée entre amis avec leurs films préférés, leurs sucreries et leur complicité, qui passe de rituel familial à rituel amical. Je réitère: Les relations amicales sont très importantes, tout autant que les relations amoureuses, sinon plus. Les sphères sociales de nos vies ne sont pas en forme de pyramide, mais en forme de cercle, elles ont chacune leur importance et leur pertinence. Surtout, quand surviennent les coups durs, une sphère abîmée ou compromise se soigne mieux quand les autres sphères sont solides. Je sais que je donne l'impression de parler de boules de Noël, mais c'est une vulgarisation qui se tient et qui permet de visualiser la chose. C'est exactement ce qui arrive ici, avec Alexia. Sa spère familiale a éclaté et sans minimiser la gravité de la chose, le fait d'avoir sa sphère amicale mobilisée, prévenante et même solidaire lui permettra de passer à travers de ce moment difficile avec plus de sérénité. En outre, dans la vie adulte comme dans la vie adolescente ( et celle des enfants), les amitiés sont précieuses et capitales pour le développement, mais aussi comme facteur de protection contre les divers enjeux auxquels font face les gens. Enfin, j'aime beaucoup la réappropriation d'un rituel, parce qu'il lui redonne sa place dans le coeur d'Alexia et permet de court-circuiter, dans une certaine mesure, le vide causé par l'éclat de sa sphère familiale. Ça ne veut pas dire que ça fonctionnera pour tous les gens dans la vie, mais ce peut tout-à-fait constituer un processus intéressant et pertinent. Comme le le disais, j'ai affectionné les histoires d'Alexandro et d'Alexia, respectivement celles de la pauvreté temporaire et de la rupture familiale, car je suis de ces Lectrices qui ont une forte résonnante aux enjeux en tout genres. Cela étant, je suis aussi heureuse de trouver autant de douceur, de tendresse, de solidarité ( j'ai du l'écrire au moins dix fois ce mot là!) et de relations interpersonnelles saines, complices et confiantes. Je pense que nous aurons besoin d’œuvres de ce genre en ces temps d'incertitude mondiale. Côté texte, c'est relativement rapide et facile à lire, écrit dans une police qui, sans être "grosse" n'est pas standard non plus et on la retrouve plus souvent en deuxième cycle primaire ( 8-9 ans). Vous noterez aussi la présence d'un papier imprimé avec des motifs en forme de flocons, ça ajoute une touche d'hivernal assez chouette. En outre, malgré la forte présence de dialogue, on est dans une forme de français orale très teintée de français International, il n'y a donc AUCUNES RAISONS de re-traduire ce roman en français de France. Et ce n'est pas parce que le texte est accessible que la charge émotive n'y est pas, les émotions ont même une présence appréciable. Et je réitère que je suis contente de pouvoir placer ce livre qui parle d'ados et de premiers émois dans la littérature intermédiaire, parce que j'ai des Lecteurs et des Lectrices de 10 à 12 ans qui veulent de ce genre de roman avec des personnages plus vieux et des histoires de cœur à leurs premiers balbutiements. Reste que les ados qui veulent le lire peuvent très bien le faire! Un belle idée de cadeau que ce recueil doux et réconfortant comme un chocolat chaud à la cannelle un soir d'hiver. Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+.
Shaynning a commenté et noté ce livre

Les monstres

Par Sébastien Perez et Stan
(4,0)
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Incontournable Décembre 2023 La réputation de Benjamin Lacombe n'est plus à faire, pour celui qui dirige la collection des Encyclopédies du Merveilleux dont fait parti "Les Monstres", mais je suis également impressionnée par le duo formé de Sébastien Perez et Stan Manoukian, qui nous livrent un ouvrage de référence fort complet, d'une grande beauté graphique et d'une richesse quand à la diversité des origines et des folklores en présence. Fait notable, ce documentaire a sa petite histoire en fond de trame, celle de Lucas. Un jeune adolescent qui d'entrée de jeu nous parle du placard, celui où il se cache dans son costume bleu-vert de monstre poilu. À intervalles régulier, Lucas nous livre un fragment de son quotidien. Depuis qu'un autre ado l'a traité de "monstre", Lucas s'est refermé sur lui-même, au sens figuré comme au sens propre. Il s'isole des autres, en affichant l'air neutre et froid de celui que rien n'atteint. Il se cache dans un placard, pour s'y sentir à l'abri, loin de regards qui semblent malveillant, loin de la possibilité de se faire encore traité de monstre. Mais Lucas, depuis qu'il s'est caché dans le placard de Tom, lors d'une fête, a gardé un petit coquillage découvert dans ce même placard. Il trouve enfin le courage d'aller le laisser sur le pupitre de Tom. À son retour chez lui, Lucas se fait la réflexion que son reflet dans le miroir n'a rien d'effrayant. Il décide que ce mardi matin, les choses se dérouleront autrement. Laissant derrière lui sa peau de monstre, troqué pour un chandail multicolore, Lucas laisse un sourire se dessiner sur son visage. Alors qu'un autre ado commence à rire, Tom intervient en lui ordonnant de se taire. Et il sourit à Lucas. "Jamais plus Lucas n'entrera dans un placard", lit-on. Oh. Alors il s'agissait de ce genre de "placard"? C'est bête, il m'aura fallut la dernière page pour saisir. "Le monstre du placard", on se demande quelle raison Lucas a de se sentir si mal face au mot "monstre" et pourquoi l'allégorie du placard. Je me sens un peu bête, pour le coup, car c'est évident maintenant que j'arrive à la fin. On a traité Lucas de 'Monstre" en parlant de son orientation sexuelle et le placard est bien celui dont on se sert pour parler de "Coming in" et de Coming out". Pauvre Lucas. En même temps, c'est une excellente idée de se servir de cet axe pour traiter des monstres. Non pas que la diversité sexuelle soit monstrueuse, pas du tout, mais elle a été définie comme telle par nombre d'instances: Plusieurs sectes, nombre de religions, les conservateurs plus ou moins radicaux, les homophobes de tout appartenances, les intolérants de toute origines, et même les psychiatres et psychanalystes ont passé par là. Rappelons que le DSM-III, répertoire des troubles et maladies mentales, définissait l'homosexualité comme une déviance, une maladie. Bref, je vois tout-à-fait le parallèle à faire entre le terme "monstre" et l'orientation de Lucas, mais je le déplore énormément, bien sur. En outre, "monstre" aurait pu définir à peu près n'importe quelle différence chez un jeune. Ce qui est "déviant", "atypique", "rare" ou encore "original" est souvent ramené à ce terme, qui sert ce qui étonne, ce qui sort de la norme et qui, ultimement, effraie les gens, surtout les moins tolérants et les plus psycho-rigides. Or, c'est de ces créatures qui effraie dont il est question dans ce documentaire. En ordre, nous avons: Les monstres mythologiques Les monstres de Foire Les Monstres des mers Les Monstres de Fiction Les monstres Créatures Les Monstres de la nuit Les monstres de Légendes Les Monstres fabriqués par les humains Certaines pages proposent des catégories "générales" sur les attributs, les cachettes, les traces, les bruits, les remèdes aux monstres, les monstres sacrées et où peut-on trouver les monstres. Certaines monstres ont droit à une page de texte pour livrer leur histoire, ainsi qu'une pleine page d'illustration ( D'eux). Les autres pages sont des classement par catégories de monstres avec un petit texte, leur illustration et leur affiliation par origine et pays. Je constate, à la lecture de certaines des histoires de monstres que certains le sont par la faute des autres ou qu'ils le deviennent dans le regard des autres. Ainsi, Méduse, prêtresse d'Athéna, qui a été violée ( le terme employé est 'outragée") par Poseidon, se fait imposer une métamorphose pour avoir été abusée du Dieu de la mer par Athéna elle-même. Ah, les vieilles histoires de jalousie des Dieux grecs, si superficiels. N'empêche, il y a encore des endroits dans le monde où les femmes se font accusées de s'être fait agressée pour des motifs aussi stupides et puérils que dans le cas de Méduse. Et c'est elle qu'on qualifie de "monstre"? C'est le cas, fictif, de Quasimodo, le "Bossu de Notre-Dame, personnage célèbre de Victor Hugo, ainsi que Joseph Merrick, cas réel, un jeune homme né avec une maladie génétique rare qui lui vaudra le pseudonyme "Elephant Man", dont l'histoire a donné naissance à un film. Dans les deux cas, leur apparence a été jugée "horrible", "monstrueuse", mais au final, dans un cas comme dans l'autre, c'était des hommes ordinaires et sains d'esprit au fond d'eux. Ce qui contraste dans leur histoire est que la monstruosité est purement physique et qu'elle l'est selon les critères des autres. Comme je l'ai lu un jour: La laideur est une tare que l'on ne pardonne pas facilement ( particulièrement vrai envers les femmes). Dans cette veine, les "monstres de foire" sont des humains avec différentes maladies ou anomalies génétiques, tous des cas de physique hors-norme, qu'on a employé dans des cirques ou des expositions. Ça a de quoi rendre inconfortable pour les modernes que nous sommes, mais rappelons nous qu'à pareils époque, on admettait l'infériorité des femmes, l'échelle des races humaines et la supériorité des Blancs, alors bon, on était dans une drôle d'époque où tout se prêtait à flatter son égo ( surtout les hommes blancs européens chrétiens et "civilisé". D'ailleurs, dans la rubrique 'ce qui transforme en monstre", nous avons un autre exemple de superficialité humaine avec les "gueules cassées", soit les soldats de la 1er guerre mondiale ayant eu de graves blessures, "regardés avec dégout ou pitié". Sympa, bravo pour la reconnaissance! ( Notez le sarcasme) Parmi les apparitions notables, nous avons le Kraken, ( et les monstres de la mer bien plus nombreux que le croyait, wow!) Curieusement, la sirène n'y figure pas. Étrange, ce ne sont pas des créatures très sympathiques, ces bouffeuses de viande humaine, pourtant. Il y a également Cthulhu, ce nom imprononçable qui est la vedette d'une nouvelle de l'écrivain américain Howard Philips Lovecraft. Nous trouverons à sa suite les monstres de la fiction, dont le monstre Jabberwock de l'univers d'Alice aux pays des merveilles, Quasimodo, déjà mentionné, Mr Hyde, Moby-Dick et même les Kaiju , dont le très célèbre Godzilla. Notons également la pleine page consacrée au Monstre du Loch Ness, entité quasi épidémique dans les romans policier à saveur mystérieuse en littérature jeunesse. Dans les monstres de la nuit, nous avons le Baku, le croquemitaine ( aussi appelé "Bonhomme sept heure) , le trop connu Dracula qui est lui aussi formidablement surreprésenté en littérature jeunesse et dans le monde du cinéma, Freddy Kruger et Nian, bête maléfique de Chine. Mention spéciale aux divers moyens de se prémunir des monstres, surtout la couette ( ou tout autre couverture moelleuse), le moyen privilégié des enfants! Dans les créatures de légendes, nous avons le Yéti, le très effrayant Wendigo ( issu des croyances autochtones d'Amérique du Nord) , le ningen ( du Japon), le Chupacabra , la bête de Gévaudan et le Hraesvelg ( ne me demandez pas de prononcer ce mot!). Re-mention spéciale aux ''monstres sacrés", ces atypiques géniaux aux talents parfois injustement inconsidéré, mais qui ont changé le monde. Ainsi, pour citer le livre: "Celles et ceux que l'ont appellent des "monstres sacrés" sont en fait des icônes!" Yup. Des icônes comme Edith Piaf, Leonardo Da Vinci, Sara Bernhardt, Mozart, James Dean ou encore Albert Einstein. Enfin, il y a les monstres créés par l'homme, comme le très incontournable ( autant par le haut que par les côtés) "monstre de Frankenstein", souvent appelé lui-même Frakenstein, alors qu'il s'agit de son créateur. Notons les autres: Les virus ( dont un certain très célèbre en ce moment) , L'IA, le très potentiel monstre en devenir dans un avenir très rapproché, les monstres mécaniques ( les vedettes de moult films de science-fiction) et même les monstres humains comme celui dit "De Rostov" un meurtrier en série aux tendances cannibales. Bien sur, les monstres sont innombrables, mais ce bel album vous en fera découvrir ( ou redécouvrir) certains des plus notables, sans oublier ceux de régions moins occidentales. Les illustrations sont époustouflantes, dans des palettes de couleurs souvent dans les tons rouges, verts et bruns, du calibre des beaux livres qu'on se plait à collectionner. J'aime beaucoup le soin apporté à la posture de certains personnages, la richesse des dégradés, le soucis du détail et même la présence de version miniatures qui accompagnent certains des personnages les plus solitaires ( dont Méduse et Monsieur Merrick). Certaines illustrations sont sympathiques, mais certaines sont un peu plus effrayantes, il faudra voir du degré de confort de la lectrice/du lecteur quand à leur degré de frayeur. Personnellement, je les trouve surtout très belles. Côté lecture, je pense que pour la lecture solo, il conviendra au 3e cycle ( 10-12 ans) plus qu'aux autres cycles, mais d'habiles lecteurs et surtout des amateurs de monstres et créatures fantastiques pourraient apprécier ce livre parmi le 2e cycle ( 8-9 ans). Quand au 1er cycle, les 6-7 ans, je pense que je laisserais le soin à papa, maman, tuteur, adulte responsable de juger, car il faudra assurément un lecteur plus habile pour leur en faire la lecture, mais ayez bien en tête que les 6-7 ans et moins peuvent être impressionnés par le contenu ( oh, que si! L'imagination est fertile dans ce groupe d'âge, ne sous-estimez pas cet aspect). On dit souvent que les monstres exposent les faces sombres de l'humanité, mais je constate que c'est parfois le contraire: Ce sont les humains qui exposent leur face sombre en nommant "monstres" des personnes et entités qui ne le sont pas. Qu'ils servent à éduquer, à mettre en garde, à poser des canons esthétiques, à hiérarchiser le vivant, à faire peur, à stigmatiser l'atypie ou à favoriser des réflexions, les monstres fascinent depuis des temps fort reculés et ils feront toujours parti de nos histoires, sous des formes renouvelées, ou bien ancrées dans nos folklores et nos cultures. Reste à savoir ce qu'ils vous feront apprendre du monde comme de vous-même. Pour un lectorat du 3e cycle primaire, 10-12 ans+
Shaynning a commenté et noté ce livre

Un ours en ville

Par Céline Claire et Laura Giraud
(3,0)
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"Un ours en ville" est un petit roman de la collection Ginko, de la maison Vove Verso, et fait parti de la littérature intermédiaire. Un ours, juché sur sa montagne, se fait une réflexion au sujet de la ville en contre-bas. Il imagine que la vie doit être formidable et libre quand on exerce un métier. Mais ce qu'il y trouve est peut-être tout le contraire de la liberté. Une histoire courte où un ours découvre que la liberté lié à l'exercice d'un travail et donc de la rémunération, est relative. Certes, on peut dépenser pour divers biens et services, mais certaines choses ne devraient tout simplement pas être vendues, comme l'eau. Ours, qui a rencontré un garçon, Clément, voit ce dernier économiser gros pour s'offrir des skis, afin de glisser sur la montagne. Mais même une fois doté de skis, il reste le casque, les bâtons, la passe de ski, les assurances, etc. Ce que cette dimension de l'histoire met en relief, c'est que l'accès reste difficile à certaines choses du fait d'exiger beaucoup de financement. Tout cela pour une activité qui peut être faite relativement gratuitement, à savoir "glisser sur la montagne". Cette dimension de l'économie est surprenante dans un roman pour le lectorat intermédiaire, je dois dire, mais pertinente. En effet, c'est fou de penser aux sommes exorbitantes de certains activités ou biens que les gens désirent acquérir alors que certains n'ont pas de réelle valeur ou qu'elles sont gratuites . Dans le cas des biens, je donne l'exemple du diamant, sans doute un des biens les plus chers au monde, mais paradoxalement, un des plus inutile. On ne peut rien faire d'un diamant, hormis crâner ou découper des matériaux ( mais ce n'est pas ce à quoi destine le diamant dans la plupart des cas). Dans le cas des service, ici, c'est le ski. Pourtant, en théorie, la montagne est à tout le monde, alors comment expliquer qu'il faille payer des tarifs pour y glisser? Bon, relativisions en disant qu'on peut opter pour la glissage sur luge plutôt que le ski, c'est bien moins cher, mais on comprend l'idée. On n'est jamais totalement libre, quand on dépend de l'argent. On est jamais totalement libre, quand les gens s'arrogent le droit de contrôler des ressources qui devraient revenir à tous. Ce que je retiens de cette histoire est la relativisation entre liberté et pouvoir d'achat. Bien sur, il s'agit d'un roman, on a donc certaines nuances qui ne sont pas faites, mais j'aime la réflexion que cela peut susciter auprès des jeunes. Dans l'histoire, Ours fini par retourner sur sa montagne avec Clément, et celui-ci découvre le gout de l'eau de montagne ( gratuite) et la glissade sur ours, ( gratuite aussi). Peut-être devrions-nous songer davantage aux choses qui n'ont pas de prix et qui sont aussi estimables? Peut-être que le bonheur n'est pas d'avoir toujours plus, mais de savoir jouir des choses qu'on a déjà? Surtout que la Nature nous prodigue déjà beaucoup de richesses, quand on sait regarder. Le tout est servi dans un style graphique dynamique, dans les tons bleus et bruns, où certaines scènes sont strictement graphiques et d'autres strictement textuelles. Un petit roman sur les besoins, l'amitié et la notion de bonheur, pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans.
Shaynning a apprécié, commenté et noté ce livre

Abécédaire des métiers imaginaires

Par Anne Montel
(4,0)
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1 commentaire au sujet de ce livre
Incontournable Mai 2020 Cette petite merveille est le frère d'une autre petite merveille, soit "Les Restaurants Imaginaires", tout deux dans la collection "Imaginaire" des éditions Little Urban. Je reconnais sur ce livre la patte habile de la maison qui se distingue souvent pour la qualité graphique de ses couvertures et ses superbes documentaires. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un abécédaire, dont chaque lettre est un métier inventé ( et oh combien intrigants!), accompagné d'une illustration. Dans l'ordre nous avons: -Attrapeuse de chat dans la gorge ( Ouvrez graaaaand...) -Barbier de barbe à papa ( Mon plan B en cas d'épuisement professionnel) -Cultivateur de coeur d'artichauts ( Idéal pour remplir les romans sentimentaux) -Démaquilleuse de panda ( qui deviennent ainsi des ours polaires) -Empêcheur de tourner en rond ( Oh, s'il-vous-plait, on en a besoin à Montréal!) -Fumeuse de brouillard ( Pratique pour Halloween) -Gardien de flocons de neige ( Sans doute basé à Kuujjuaq) -Habilleur de momie ( Qui a dit que les momies n'ont pas aussi des désirs de coquetterie?) -Inspecteur spécialisé en chaussette perdus ( En voilà un qui doit être occupé...) -Jockey de cheval de manège ( ou "L'art de tourner en rond, on devrait engager la lettre E pour résoudre ce dossier, héhé) -Kinésithérapeute-consolateur de saule pleureur ( Pour la santé mentale des arbres sensibles, bien sur) -Lanceur d'étoiles filantes ( ou "La catapulte stellaire") -Marchand de sable ( ZZZzzz....) -Nettoyeuse de doudous ( et de toutous, aussi, avis aux garderies! ) -Onduleur de lacets de chaussures ( prochaine étape: les cordons de rideaux!) -Peintre de feuilles d'automne ( Ah shnout! C'était supposé rester secret! :O ) -Quêteur d'aiguille en botte de foin ( Pour les pointilleux qui n'ont pas froid aux doigts!) - Retrouveuse de pain perdu ( Anciennement orienteuse pour puddings chômeurs ) - Saleuse d'eau de mer ( Responsables de la Mer morte, tel qu'écrit) -Tricoteuse d'écharpes pour girafes ( Pour nos animaux immigrants) -Universitaire spécialisé en boa constructeurs ( Champions des châteaux de sable) -Voleuse de chaussette ( Qui fait la fortune de la lettre I ) -Web-créatrice de nuages ( Elles viennent de là ces formes..oh? Un papillon!) -Xyloglotte bûcheron ( Un paradoxe) -Yogi yakuza ( Relaxer avant de trucider, trouver l'équilibre) -Zoologiste de créatures fantastiques ( La cours-arrière des librairies jeunesse) Avec beaucoup d'humour ( et un brin d'impertinence coquine) cet abécédaire joue aussi bien sur les expressions que les jeux de mots, trouvant des idées dans tout sorte de décor et inspiré par les esprits rêveurs, cet abécédaire fera la joie des amateur de français autant que des petits esprits créatifs. Ce peut être aussi un bel exercice d'écriture pour nos profs: Et vous, quel métier imaginaire aimeriez-vous faire? Ou inventer? Les illustrations sont très jolies, dans une palette de couleurs en aquarelle. Ouvrez l'oeil, il y a des petits détails mignons ou amusants glissés par-ci par-là. Un livre réellement pétillant et créatif, qui donne un souffle nouveau à un documentaire longtemps resté classique qu'est l'abécédaire. Pour un lectorat intermédiaire, 2e cycle primaire, 8-9 ans+ *Mais en lecture accompagnée par un Lecteur initié peut convenir aux 6-7 ans.