ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Tous des loups

Par Ronald Lavallée
(4,0)
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« - Tu t’es porté volontaire? Vo-lon-tai-re? On te montre le trou du cul du Canada, tu lèves la main et tu dis : Moi, moi, envoyez-moi! - Je crois à la mission civilisatrice de la police. » 1914 : Matthew Callwood, vingt-quatre ans, constable de la Police royale du Nord-Ouest a été désigné comme le remplaçant de Suchenko, en poste depuis deux ans dans un petit village au Nord du Manitoba. Habité en majorité par des Cris, des Métis et quelques Canadiens-français, l’endroit est isolé et le climat y est rude. La contrebande d’alcool, le braconnage et quelques interventions ponctuelles auprès des soûlons violents et tapageurs occupent le quotidien de Calwood et de son adjoint, Harvey. À la recherche d’une mission pouvant l’élever au sein de sa hiérarchie, Callwood ressort des dossiers une affaire de meurtre familial, celle de Moïse Corneau qui aurait tué sa femme et son bébé et aurait pris la fuite après son emprisonnement. Dans un labyrinthe de marais et d’étangs et dans une course contre la montre avant que l’hiver ne s’installe, Callwood organise une battue à bords de canots afin de retrouver le fugitif. Une chasse à l’homme qui se transformera en véritable descente aux enfers pour l’équipe de traqueurs confrontés à une nature impitoyable. Ronald Lavallée est un auteur franco-manitobain que je découvre avec ce titre, suggéré par la revue Les Libraires. Un récit glacial sur la vanité des hommes et l’incompréhension mutuelle renforcée par les préjugés raciaux. Ce roman trouvera à coup sûr une place de choix dans ma liste Grande Noirceur.
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Déboussolé

Par Yves Pelletier
(3,5)
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« Je suis un perdu, un fugitif, un bum, sans cœur et sans attaches. Un touche-à-tout qui ne prend jamais rien en main. Je n’ai pas l’étoffe d’un vrai écrivain, d’un vrai cinéaste, d’un vrai bédéiste. Je suis un cabotin. » Yves P. Pelletier, ex-membre du groupe d’humoristes RBO (Rock et Belles Oreilles), débute son récit autobiographique par son départ de la maison familiale en 1981. À vingt ans, billet ouvert en poche, sac au dos, il s’envole vers le continent européen, son Eurailpass comme sésame, avec en tête de perdre son pucelage. C’est le premier des nombreux voyages qu’il effectuera, toujours en revenant avec des amitiés et des amours nouvelles. Je me suis plu à reconnaître et à apprécier son humour décalé dans ses souvenirs d’enfant et de jeune adulte. Des confessions touchant à l’intime, déployées avec une certaine pudeur, se posent sur une carrière artistique plutôt échevelée. Le récit se termine en 1993 alors que l’auteur vient de rompre avec sa compagne et s’apprête à partir pour le Tibet. Tibet. Ayant le même âge que l’auteur, j’ai fait avec lui un voyage temporal fort agréable sur les ailes de la souvenance.
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Une datcha dans le golfe

Par Emilio Sánchez Mediavilla
(4,0)
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Emilio Sanchez Mediavilla a pris bien soin de taire sa véritable profession de journaliste à son arrivée au Bahreïn en 2014. Venu rejoindre son amoureuse Carla, dépêchée par son entreprise, Emilio séjournera deux ans à plein temps dans l’archipel formé de trente-trois îles, dont certaines gagnées sur la mer. En est sorti ce récit décousu mais fort instructif des us et coutumes d’un État méconnu. Tirant le plus gros de son économie des pétrodollars, le Bahreïn est gouverné par une monarchie constitutionnelle et sa société est divisée entre musulmans chiites et sunnites, ces derniers occupant les meilleurs postes. Une ségrégation basée sur le culte religieux gangrène le pays, en plus du racisme envers la main-d’œuvre étrangère occupant les petits emplois, en majorité d’origine asiatique. Un constat que l’auteur décrit chiffres et statistiques à l’appui. Outre les trois grands tabous du monde arabe (le sexe, la politique et la religion), la société bahreïnienne doit aussi vivre sous une dictature implacable que la famille royale s’ingénie à bien faire paraître aux yeux de la communauté internationale, mais dans les faits, l’emprisonnement arbitraire et la torture attendent ceux qui osent s’opposer au gouvernement. Un ouvrage court et condensé qui informe tout en divertissant, pimenté par les anecdotes du journaliste caché derrière celui qui raconte.
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Les abeilles grises

Par Andrei KOURKOV
(4,0)
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Sergueï Sergueïtch est un habitant de la guerre. Résidant en zone grise dans un village situé entre les séparatistes du Donbass et les soldats ukrainiens, son voisin Pachka et lui sont les derniers à y vivre encore, malgré les bombes et les restrictions de toutes sortes. Mais au début du printemps, Sergueï est fermement décidé à déménager ses six ruches vers un monde meilleur, loin des conflits qui ravagent sa terre. Un voyage qui le mènera en Crimée, rattachée depuis peu à la Russie, chez un confrère Tatar rencontré une vingtaine d’années plus tôt à un congrès d’apiculteurs. Une guerre fratricide vue à travers les yeux d’un citoyen ordinaire vaquant à ses occupations, s’inquiétant du bien-être de ses abeilles et cherchant le bonheur à sa portée tout en tentant d’éviter les tracasseries administratives découlant des soubresauts politiques de son pays. Andreï Kourkov prend bien le temps d’installer son récit au cœur d’un hiver interminable avant de le déployer sur des versants méridionaux printaniers, pour enfin le déposer dans un paysage baigné d’un été chaud et ensoleillé. Un parcours que l’on emprunte aux côtés du personnage principal et de ses abeilles, réputées pour offrir un sommeil réparateur lorsque l’on s’étend sur leurs ruches. « C’était comme se recharger d’une sorte d’électricité humaine. Cette électricité qui allume non pas les ampoules mais le regard de l’homme, et l’allume si bien qu’il voit plus loin qu’à l’ordinaire. » Kourkov a tiré une bien belle histoire d’un contexte plutôt dramatique, un texte tragi-comique qui en appelle à la solidarité humaine et à une vie meilleure.
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Justice divine

Par Michael Hjorth et Hans Rosenfeldt
(4,0)
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Ce qui fait la force de ce duo d’enfer : des intrigues policières originales, intéressantes et plausibles jumelées au développement psychologique des personnages principaux récurrents dans leur sphère personnelle et professionnelle. Dans ce sixième roman, les auteurs se sont permis quelques incursions dans les affaires précédentes, se disant possiblement que leur lectorat avait depuis longtemps digéré les premiers tomes et adopté l’équipe dirigée par l’inspecteur de la Criminelle de Stockholm, Torkel Höglund. Des chapitres courts agrémentés de nombreux revirements de situations, des dialogues efficaces et un style littéraire sans fioritures mais qui va droit au but, tels sont les ingrédients qui pimentent les polars de Fjorth et Rosenfeldt. Et que dire de leur aptitude à accrocher le lecteur à la toute fin… C’est tout simplement jouissif! Pas le choix de continuer avec le prochain, Ce qu’on a semé! Toute une addiction, mais qui fait du bien, celle-ci!
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Cent millions d'années et un jour

Par Jean-baptiste Andrea
(4,0)
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Stan, en bon paléontologue, a l’habitude de « penser en millions d’années ». Déformation professionnelle oblige. Alors, lorsqu’il entend raconter par l’intermédiaire d’une fillette qu’un squelette de dragon se trouverait encore caché aux yeux du monde dans une grotte logée au creux d’un cirque de montagnes, aucune hésitation possible. Il organise une expédition, le temps d’un été, afin de fouiller plus avant cette information qui ne repose sur rien de concret. « Un géant athée amoureux d’une déesse, un ancien séminariste ventriloque et un guide qui parle la langue oubliée des montagnes » l’accompagnent dans cette ascension vers les glaciers de la chaîne alpine, à la rencontre d’une créature venue des temps anciens. Le nom de Jean-Baptiste Andrea circule largement ces temps-ci et, avant de lire son dernier roman Veiller sur elle pour lequel il a reçu le prix Goncourt, j’ai voulu explorer son style en amont de l’ultime distinction littéraire. Et j’ai beaucoup aimé. Le récit explore toutes les facettes de son personnage principal, sans trop en dire mais en laissant voir, par ellipses. L’hiver n’a jamais été décrit plus poétiquement et suavement que dans ce roman alors que tout être l’ayant appréhendé dans sa chair peut en reconnaître toute l’ingratitude. Un texte à la fois beau et grave sur le combat d’un homme blessé dans son enfance et pour qui sa profession a comblé tous les manques.
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Défendre Jacob

Par William Landay
(4,0)
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Emprunté à la bibliothèque municipale, ce roman était en fait destiné à mon mari, féru de polars. Pour ma part, je n’en attendais pas grand-chose et il a patienté longtemps sur la pile avant que son tour ne vienne (pas mon mari, le roman…). Un pavé qui s’est avéré d’une facilité déconcertante à lire grâce à son intrigue assez tortueuse pour hameçonner quiconque s’intéresse aux affaires judiciaires. Andrew Barber, le narrateur et procureur adjoint de l’État du Massachussets raconte son passage tourmenté de l’autre côté du miroir, à la place qu’occupe un accusé, en l’occurrence son propre fils de quatorze ans, Jacob, soupçonné du meurtre d’un condisciple de lycée. À tort ou à raison, c’est ce que le lecteur découvre peu à peu, du premier jour de la découverte du corps dans un parc jusqu’à la réouverture du dossier quelques dizaines d’années plus tard. Outre tout ce qui entoure le judiciable, le roman questionne également la responsabilité parentale face aux actes posés par les enfants, à l’instar de ce jugement récent de culpabilité imposé à une mère par l’État du Missouri à l’égard de son fils, auteur d’une tuerie dans une école en 2021. Un roman policier addictif aux allures de drame psychologique, pimenté d’un dénouement totalement surprenant.
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La bibliomule de Cordoue

Par Wilfrid Lupano, Léonard Chemineau, Christophe Bouchard et Pascal Buresi
(4,66)
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Le livre est tout simplement splendide : reliure, couverture, couleurs, dessins, calligraphie, sans oublier le signet intégré. Et passé la première impression favorable, j’ai dévoré, mais en prenant mon temps, cette bande dessinée qui éclaire un pan de l’Histoire que, pour ma part, je ne connaissais pas. Le califat de Cordoue s’est établi sous Abd al-Rahman III au cours du Xe siècle, consolidé ensuite par son fils Al-Hakam II qui, à sa mort, en 976, fut légué à son fils de onze ans Hicham. Et c’est sous la gouverne du vizir Muhammad Amir, durant la minorité de Hicham, que s’amorce un changement brutal de régime. Les religieux et le vizir s’entendent alors pour resserrer les mœurs de la population en détruisant la quasi-totalité de la munificente bibliothèque longuement acquise par les émirs précédents. Seuls seront conservés les ouvrages référant au Coran et à l’islam en général. Un autodafé qui aurait, selon les historiens, duré plusieurs jours aux abords du palais. Tarid, le bibliothécaire eunuque, Lubna, la scribe esclave et Marwan, un touche-à-tout errant et ancien assistant de Tarid tentent de sauver les livres les plus importants du carnage en les empilant, sous le couvert de la nuit, sur le dos d’une mule rétive. S’amorce un périple des plus hasardeux que raconte magnifiquement Wilfrid Lupano au texte et Léonard Chemineau au dessin. Mises à part certaines expressions employées dans les dialogues qui m’ont semblé parfois trop modernes pour l’époque, j’ai résolument apprécié ma lecture. Une postface historique complète ce superbe album qui agrémentera assurément toute bibliothèque digne de ce nom.
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L'arbre du pays Toraja

Par Philippe Claudel
(3,5)
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« J’ai entrepris ce texte comme on espère reprendre une conversation interrompue, comme on tente de tisser un piège léger et invisible susceptible de capturer les voix et les instants perdus. » C’est d’un rituel pratiqué par un peuple indonésien, les Toraja, dont s’est inspiré le narrateur, un cinéaste, afin de surmonter le deuil de son meilleur ami et producteur. Un arbre dans le tronc duquel étaient déposés les corps des enfants morts trop tôt, assimilé ici à un récit servant de réceptacle à une amitié de longue date. La maladie, la vieillesse et ultimement la mort imprègnent chaque page de cette histoire que vient à peine troubler à la surface une idylle amoureuse entre ce narrateur d’âge mûr et une jeune femme, voisine d’appartement. Mais alors que le texte de Jean-Claude Grumberg (Jacqueline Jacqueline) pétillait d’humour, d’amour et de rêveries, celui de Philippe Claudel m’a littéralement frappée de plein fouet par son implacable lucidité, celle de la froide raison. Je n’ai pu faire autrement que de comparer ces deux ouvrages sur le même thème, celui de la finitude humaine, et d’en tirer ces brèves conclusions qui n’engagent évidemment que mon avis personnel.
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La promesse

Par Damon Galgut
(4,5)
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Une ferme en Afrique du Sud au sein de laquelle une famille va se disloquer peu à peu avec la mort de la mère Rachel en 1986. Dix ans plus tard, le père Manie meurt à son tour, puis d’une décennie à l’autre, comme en une sorte de rituel immuable, les deux plus vieux de la fratrie, Astrid, en 2005 et Anton en 2015, perdent aussi la vie dans des circonstances tragiques. La benjamine Amor survit à la fatalité et sur elle, repose la réalisation d’une promesse faite par la mère sur son lit de mort à l’égard de la domestique Salomé, une femme qui s’est dévouée à la famille depuis une quarantaine d’années. Damon Galgut, qui a remporté le Booker Prize en 2021 avec ce roman, entraîne son lecteur dans un tourbillon narratif naviguant d’un personnage à l’autre avec une formidable maîtrise. Un style déroutant au début mais que je me suis vite approprié grâce à cette voix extérieure envoûtante qui déroule l’écheveau des événements. Chaque figure, même la plus secondaire, participe au tournoiement récitatif, sans relâche pour le lecteur, accroché jusqu’à la toute fin. Et, en étalant son histoire sur une longue durée, l’auteur se permet également d’observer et d’analyser la société sud-africaine et ses politiques douteuses, apportant forme et corps à une intrigue peu compliquée à la base.
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Journal. Les années hongroises 1943-1948

Par Sandor Marai et András Kányádi
(4,0)
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Dès l'invasion de la Hongrie par l'Allemagne en 1944, Sándor Márai, journaliste et écrivain hongrois, décide de ne plus écrire que pour ses tiroirs et pour son Journal, un « exil intérieur dans un pays au bord du précipice ». de 1943 à 1948, il rédige de courtes chroniques relatant ses impressions et ses sentiments sur la débâcle politique de son pays. En même temps, l'écrivain questionne l'attitude des dirigeants hongrois face aux Nazis et s'indigne du sort fait à la population juive habitant le territoire. Sur le plan personnel, Márai s'inquiète de sa santé et de celle de sa compagne, Lola, laquelle doit impérativement vivre cachée afin d'éviter le déportement vers les camps de travail, ce que son père n'a pu éviter. Une période sombre que la fin de la guerre en 1945 ne réglera pas sur tous les fronts. Dépossédé de tous ses biens à cause des bombardements à Budapest et mal vu des autorités hongroises pour sa neutralité politique, Márai se résigne alors à s'exiler en 1948, d'abord à Genève et ensuite à Naples. C'est sur ce dernier chapitre de sa vie que se termine le journal. J'aime beaucoup cet outil littéraire qu'est le journal, et même si je ne connaissais pas Sándor Márai, j'en ai apprécié le style et le contenu, très émouvant. Son oeuvre mérite donc d'être approfondie et j'irai voir du côté de ses romans pour la suite.
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Soumise

Par Christine Rheims
(4,0)
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« Faire renaître une vie, c’est accepter que quoi qu’on fasse, on reconstruise toujours le monument à sa manière, un pied dans l’érudition, l’autre dans (…) cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un. », écrit Marguerite Yourcenar dans ses notes. Un travail de recherche et d’évocation réussi pour cet ouvrage biographique de Blaise Pascal et de sa sœur Jacqueline. Un récit linéaire qui nous transporte au XVIIe siècle dans la maison de la famille Pascal : le père Étienne qui éduque ses enfants, Gilberte l’aînée née en 1620, Blaise né en 1623 et la benjamine Jacqueline née en 1625. La mère est morte alors que Blaise n’avait que trois ans. De santé fragile, Blaise exige soins et attention et c’est la petite sœur Jacqueline dont il est très proche qui se dévoue. Soumise d’abord au père puis au frère, Jacqueline, au sortir de la petite vérole qui s’est abattue sur elle à treize ans, se convainc d’avoir été touchée par Dieu. À partir de ce moment, elle secoue ses chaînes familiales pour mieux plonger dans celles du jansénisme en devenant religieuse à Port-Royal, cloîtrée et retirée du monde. Pour sa part, Blaise adhérera lui aussi au jansénisme mais ne renoncera pas pour autant à la science à laquelle il s’abreuve depuis son tout jeune âge. Une lutte de tous les instants habite le frère et la sœur dans leur quotidien afin de bannir les divertissements et tout ce qui ne se rattache pas au divin. À la lecture de cette biographie, je saisis mieux ce qu’a voulu dire Blaise Pascal avec cette pensée célèbre : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » Le propos de Soumise ne reposant pas sur le travail scientifique de Blaise Pascal, il faudra lire d’autres biographies afin de répondre à cette question qui m’a taraudée l’esprit : où et comment se procurait-il le mercure nécessaire à ses expériences sur la pression atmosphérique? Ce mercure qui a fini par lui abîmer la santé et a sûrement précipité sa mort prématurée à trente-neuf ans.
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Poisson d'octobre en maraude chez les francs Gaulois

Par Victor-Lévy Beaulieu
(4,0)
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« Cette naissance, je ne m’y attendais pas – elle m’est venue en même temps que mes vingt-huit ans (…) c’était en octobre 1973. Boire une gorgée de bourbon – et vous raconter ensuite cette épiphanie – la plus déterminante de ma vie. » Trois ans après la Crise d’octobre, Victor-Lévy Beaulieu laisse sa « mémoire œuvrer en serpentant » dans ce récit autobiographique, un retour sur le passé alors qu’il s’apprête à refaire le voyage de Jack Kerouac en France à la recherche de ses ancêtres bretons. Avec Satori à Paris en poche, VLB rend compte de ses visites touristiques en Bretagne et en Normandie en passant par un détour aux Éditions de l’Herne où son essai-poulet sur Kerouac vient d’être publié. En route vers ses destinations, Victor ressasse les grands événements reliant la France et le Québec (le débarquement allié à Dieppe en 1941 au cours duquel plusieurs soldats canadiens sont morts et le départ de colons français vers la Nouvelle-France au XVIIe siècle). On ne s’ennuie pas avec VLB; le récit foisonne de faits historiques analysés sous un autre angle et parsemés de divagations et de « remembrances » chères à l’auteur. À une narration linéaire, s’adjoignent donc rêvasseries, délires et rêves dont il est parfois ardu d’en pénétrer le sens. VLB, c’est un style à nul autre pareil qu’il faut apprivoiser lentement mais sûrement. D’un ouvrage à l’autre, plonger sans arrière-pensée et se laisser prendre à la langue renouvelée et jouissive de cet auteur iconoclaste.
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Impasse des deux palais

Par Naguib Mahfouz
(3,0)
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« Le mensonge, dans cette maison, n’était pas un vice infamant. Personne n’aurait pu y jouir de la paix à l’ombre du père sans la protection du mensonge. » Ainsi en est-il dans la famille d’Ahmed Abd el-Gawwad, un boutiquier prospère du Caire en cette année 1917. Sa deuxième épouse, Amina et leurs enfants Khadiga, Fahmi, Aïsha et Kamal, sans oublier le fils de la première épouse répudiée, Yasine, l’aîné, vivent sous la férule du père, homme aux deux visages. L’un pour la sphère privée lui octroyant tous les droits afin de laisser l’autre s’épanouir dans le libertinage et la volupté auprès de ses amis le soir venu. Un despotisme masculin interdisant aux femmes de la famille de se montrer à l’extérieur du foyer et aux garçons de faire la même chose que le père. Sur plus de six cent pages, l’auteur raconte le quotidien morne et étouffant de cette enclave familiale au cœur d’une ville pourtant riche sur le plan historique. C’est ce que je reproche au récit : cette lenteur et cette langueur dans la narration pour n’aboutir qu’à la toute fin qui se révèle alors beaucoup plus intéressante que tout le reste. Impasse des deux palais est le premier tome d’une trilogie (Le Palais du Désir et Le Jardin du Passé). Je n’irai pas plus loin dans cette histoire mais peut-être me laisserais-je tenter par Les Fils de la Medina, un autre roman de Naguib Mahfouz, semble-t-il plus controversé.
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Solak

Par Caroline Hinault
(4,0)
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À un an d’intervalle, deux écrivains ont eu la même inspiration pour leur roman : Caroline Hinault, avec Solak et Olivier Bleys avec Antarctique. Deux huis-clos pesants mettant en scène des hommes reclus à l’intérieur d’une station isolée au cœur de l’hiver glaçant des antipodes. Le continent antarctique d’Olivier Bleys a été remplacé dans Solak par un endroit situé dans l’hémisphère Nord, contenant, à lui seul, sa charge étouffante d’isolement. Chargés de veiller sur un drapeau usé à la corde hissé au bout du mât de leur Centrale, deux militaires, un biologiste et une jeune recrue héliportée en août s’apprêtent à passer la saison froide en tête-à-tête forcé. Chaque chapitre porte son mois amenant inexorablement à la longue nuit hivernale, chacun s’enfermant dans ses pensées et ses tourments. La parole est portée seule par le narrateur, Piotr, vétéran de vingt années sur la banquise. Qu’ont-ils fait, pour certains d’entre eux, avant de se retrouver dans cet enfer blanc? Quel passé trouble cachent-ils? Caroline Hinault nous tient jusqu’à la toute fin sur le fil du rasoir avec ce récit polaire aux retournements imprévisibles. Un texte court et percutant sur l’enfermement psychologique et physique qui trouvera sa place dans ma liste Grande Noirceur.