Découvrez les recommandations de lecture de la plus grande communauté de lecteurs du Québec

Incontournable Album Mars 2024 Quelle pépite de joie que cet album aux charmes de l'Afrique occidentale. Nous sommes au Nigéria, et alors que commence une journée avant même l'aurore, une petite famille se met en route pour Lagos, une ville grouillante de vie où ils vont aller vendre des fruits et légumes issus de leur terre. C'est un long périple, à pied, puis en autobus, où la nature expose quelque uns de ses habitants. Entre ville et campagne, il y a des contrastes et pleins d'échanges. Puis, c'est le temps de rentrer, quelle longue journée bien remplie! La petite famille est composée de Papa, Maman, leur trois enfants, deux filles et un garçon, ainsi que grand-papa et grand-maman. Cet album est visuellement magnifique et je suis ravie d'avoir enfin un album qui met en lumière la vie urbaine africaine, dans toutes ses couleurs et son dynamisme, ainsi que sa campagne à la nature généreuse. En fait, j'ai envie de dire que tout l'album respire la générosité avec ces détails abondants, ses motifs variés sur les vêtements, le soucis de personnalité accordé à tous ces personnages. Ça respire la bienveillance et l'affection, il y a une chaleur qui n'est pas seulement due au choix des couleurs. En fait, la seule chose que vous trouverez peu sont les mots, mais n'allez pas croire que c'est une tare, bien au contraire. Nous avons peu de ces albums avec de courts textes, voir qu'une phrase par page, et il y a bien des lectorats jeunesse qui en bénéficient. Je pense bien sur à la petite enfance , nos 3-4 ans, les présco, nos 4-5 ans, mais à toutes les classes avec des besoins particuliers en lecture telles que les classes DI-TSA, les classes langage ou encore nos classes d'accueil pour nos jeunes en processus de francisation. "En route" est le 4e album du duo Antinuke/Angela Brooksbank, avec "Bintou la casse-cou", "Bébé est bien caché" et "Bébé va au marché" , tous parus sous la bannière de la maison d'édition Des Éléphants. Je le mentionne car j'ai trop rarement de beaux albums pour traiter du continent africain et ils sont vraiment jolis. Aussi, pour citer une autre critique de cet album, " Quand l’Afrique est représentée dans des albums pour enfant, c’est très souvent le milieu rural qui est montré. Pourtant, au Nigeria par exemple, où se passe cette histoire, 70% de la population vit en ville. Alors c’est chouette de voir cette famille arriver dans la métropole, de montrer l’ambiance qui y règne (Angela Brooksbank est très douée pour les scènes d’ensemble qui fourmillent de détails, on se plonge avec bonheur dans leur contemplation)." [ Littérature Enfantine, En ligne, "En route"] Bref, un album qui entre dans mes préférés pour cette catégorie d'albums, celle du lectorat petite enfance, 3-4 ans et plus.

Incontournable Avril 2024 Geneviève Després nous revient avec un album monté en anecdotes courtes de quatre pages sur des animaux de la forêt qui auraient dont du écouter leur instinct...et qui en paient maintenant les douloureuses conséquences. Donc, "Si javais su..." "...je ne serais pas allé chercher cette noix", dit l'écureuil, dont on peut voir le corps parcouru de poils roussis encore fumant et les yeux rougis, qui se serait effectivement mieux porté n'eut été de cette noix posée sur un le fil raccordé à un disjoncteur électrique. À en juger par sa pauvre personne à moitié carbonisée, la pauvre petite noix doit avoir l'air d'un sacré pop-corn. "..j'aurais écouté ma mère", dit le raton laveur, dont le haut du corps est couvert de boursouflures rouges, puisque, contrairement aux recommandations de sa maman, s'est aventuré à l'intérieur d'une ruche. Il a ainsi pu "gouter" à l'hospitalité des abeilles contrariées. "je me serais fié à mon odorat", dit le loup, en chemise d'hôpital, un soluté hameçonné au bras, l'air piteux. S'il avait écouté sa truffe, il aurait ainsi évité de boire cette eau corrompu par de l'essence, provenant d'un jerrican renversé qui se déverse dans l'eau, à partir d'un bateau de pêche. Dans cet album, il y aura aussi un lapin blanc tout picoté, , un ours au genou écorché, un porc-épic à la tête prisonnière d'un jouet-ballon en maillon caoutchouc, un castor à la queue bien serrée dans un bandage, un renard en pleine crise d'allergies, un original passablement blessé qui a de multiples fractures et bleus, un petit suisse quêtant à manger et un jeune humain qui a le nez criblé de piquants, parce qu'il a voulu bien faire et aider le pauvre porc-épic évoqué plus tôt. Je mentionne la moufette ( si, une moufette, pas un "putois", ça c'est la bestiole brune à queue mince qui peuple la France, alors que l'animal noir à bande blanche et à la queue touffue peuple le Québec), sur la couverture. C'est le seul animal à ne pas être dans l'album , pour la simple raison que vous trouverez la raison de son "coup de froid" sur le dos de la couverture, où notre moufette a la ( pas très) brillante idée d'investir une glacière posée sur une table à pique-nique. Comme l'état des animaux vient avant l'illustration qui montre le "pourquoi" de leur état, on a donc le loisir de tenter de deviner ce "pourquoi". Ça peut être un album formidable pour les profs qui veulent des pistes d'écritures, en demandant aux élèves de songer aux possibilités des personnages d'être dans leur état. Mention également à l'intention des profs qui se cherchent des album sur les temps de verbe du conditionnel présent et du plus-que-parfait. C'est également un album sur le thème des conséquences, donc des comportements à risque, des hasards malchanceux ou encore un manque d'anticipation. C'est drôle, mais c'est surtout très universel que de manquer de jugement ou de prendre des risques mal calculés. Je mentionne également le très peu de texte, ce qui en fait une lecture rapide et relativement simple à lire, n'eut été des temps de verbe qui sont plus avancés. Et puis nous retrouvons les animaux assez typiques du Québec et du Canada comme dans l'album de la même autrice "24 décembre", avec leur bouille adorable et leur non-verbal si parlant, avec la jolie palette de couleur terre et naturelle en aquarelle dont l'autrice-illustratrice se sert usuellement. Un album qui fut vite adopté en librairie jeunesse, et qui aura tôt faire de fait rire nos jeunes dans les écoles comme dans les foyers. Pour un lectorat présco ( 4-5 ans), en lecture contée, et débutant ( 6-7 ans), pour lecture solo.

Le chemin qui a mené les femmes hors de la procréation, de la puériculture et du domaine domestique a été des plus tortueux et ne se compare toujours que piètrement à la voie royale réservée aux hommes. La pente est encore plus escarpée lorsqu’il s’agit pour le deuxième sexe d’imaginer une carrière scientifique de calibre international. La vie de l’entomologiste danoise Marie Hammer est l’illustration saisissante de la tangibilité du plafond de verre à fracasser pour les femmes qui souhaitent se consacrer à la recherche. Inspirée et inspirante, La femme qui a reconstitué le monde est une biographie romancée de cette figure cardinale et pourtant oubliée de l’histoire des sciences. Elle relate le combat d’une danoise au début du XXe siècle pour faire reconnaître la légitimité de son travail, son droit à l’exercer au mépris des conventions, ainsi que la difficulté de concilier visées intellectuelles et famille nombreuse. Eva Tind trouve un bel équilibre entre faits et extrapolation romanesque, faisant revivre cette femme fascinante, lui prêtant rêves et pensées, désirs et aspirations. Et quel parcours que celui de Marie Hammer qui participa à une expédition de Knud Rasmussen au Groenland, puis organisa les siennes partout à travers le monde pour échantillonner ses fameuses « bêtes invisibles » que sont les acariens de mousse ! Par cette voie détournée, elle prouva la théorie de la dérive des continents du géographe Alfred Wegener avant d’être spoliée de la reconnaissance qui lui était dû par un mâle opportuniste ayant un talent certain pour la flagornerie. Un livre passionnant qui restitue la mémoire d’une grande dame à tirer au plus vite des poubelles de l’Histoire !

Incontournable Mai 2024 Il est toujours ardu de trouver des livres qui sont adaptés aux lectorats présco, débutant et pour les classes de francisation quand vient le temps de parler des documentaires. Alors quand je tombe sur ce genre d'album au style graphique minimaliste avec une phrase par page, je rayonne. Avec humour et en se concentrant sur un fait précis cocasse et surprenant, l'auteur propose un style de documentaire simple et très accessible, qui me rappelle les livres de Tatsu Nagata. Bref, une belle trouvaille, qui a un frère: " Les drôles de secrets du corps humain". Pour un lectorat débutant, du premier cycle primaire, 6-7 ans, mais qui peut être lu aux petits préscolaires de 4-5 ans et convient aux classes à besoins particuliers comme les classes de francisation.

Incontournable Mai 2024 Un documentaire dans un format idéal pour les classes d'accueil et les classes présco ( 4-5 ans) et premier cycle primaire, (6-7 ans), car il y a à peine une phrase par page, avec des illustrations minimalistes, qui rappellent un peu les livres de Tatsu Nagata. Les faits sur le corps humain sont comiques et certains particulièrement incongrus et les illustrations sont rigolotes. Une belle trouvaille adaptée au lectorat des débutants! Pour un lectorat préscolaire ( 4-5 ans) et premier cycle primaire, 6-7 ans ou encore les classes d'accueil en langue française.

Le sympathique Prix Mémorable qui s’évertue à sortir de l’oubli des œuvres récemment rééditées vient tout juste de couronner Masako Togawa ! La daronne du roman noir japonais charme à coup sûr avec ce huis clos aux accents d’espionnage. Au sein de la résidence K, qui accueille des femmes célibataires de tous horizons, une clef passe-partout se fait dérober et occasionne angoisse et sueurs froides chez les résidentes. Le sésame passera entre différentes mains et chacune des portes ouvertes sera l’occasion de dévoiler un secret sur sa locataire. Publié initialement en 1962, ce premier roman de Togawa (jadis chanteuse et tenancière de bar lesbien à Tokyo) n’a pas pris une ride et demeure d’une efficacité saisissante. L’intrigue judicieusement pliée comme de l’origami dévoile les sombres desseins de tout un chacun.